“Arrête de tuer !” : Wilf Christi, un journaliste béninois va à la chasse du Coronavirus par la chanson


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Wilf Christi
Wilf Christi

Au-delà de la peur et de la désolation qu’il sème dans le monde depuis le début de l’année, le Coronavirus inspire des artistes qui essaient de contribuer à la riposte contre le virus à travers leur musique. Parmi tous ces artistes qui chantent contre le Coronavirus, il y en a un qui a retenu l’attention d’Afrik.com et que nous avons rencontré en exclusivité : Wilf Christi, de son vrai nom, Wilfried Gnanvi. Sa particularité, il est journaliste. Depuis son retour dans son Bénin natal, en 2016, à la fin de sa formation en journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de Dakar, Wilfried Gnanvi dirige l’équipe de communication de l’African School of Economics, une école d’enseignement supérieur à vision panafricaine ayant son siège à Abomey-Calavi, au Bénin. Entrons, avec Wilf Christi, dans les coulisses du morceau “Arrête de tuer”

Afrik.com : Pouvez-vous nous faire la genèse de la chanson « Arrête de tuer » ?
Wilf Christi
: Depuis le début de la crise du Covid-19, j’ai entendu à la radio plusieurs chansons sur la maladie et j’ai vu plein de clips vidéo. Mais très honnêtement, la façon dont plusieurs artistes ont chanté rimait avec la manière dont on communiquait sur la maladie. Cela ne produisait aucun effet en moi et je n’avais aucune envie d’écrire une chanson sur le Covid-19. Je fuis généralement la platitude et j’aime plutôt le goût relevé des choses. Du coup, j’ai rejeté la proposition de certains amis qui me poussaient à chanter pour m’inscrire dans la mode Covid-19. Selon eux, cela allait me rendre plus populaire, et célèbre. J’ai décliné l’offre jusqu’au jour où une nuit, vers une heure du matin, j’étais sur YouTube et je suis tombé par hasard sur une chanson qui sortait du lot.

Cela a produit en moi l’étincelle. Et comme à mon habitude, j’ai prié pour avoir une inspiration. C’est ainsi que j’ai composé « Arrête de tuer ! » qui aborde le problème autrement en attaquant la pandémie de manière frontale, dans un ton martial. Ecoutez encore la chanson, vous vous rendrez compte que j’ai carrément parlé à la maladie, lui lançant des invectives avec autorité : « Tu as trop tué, arrête ça ! », ou encore « Va-t’en ! Dégage ! Tu es un minus ». Cette façon de chanter contre le Covid-19 a vite trouvé un écho favorable dès la sortie du morceau. Les internautes ont beaucoup aimé et au lendemain de la publication du clip vidéo sur YouTube et Facebook, Medi 1 Tv Africa, une chaîne de télévision marocaine m’a invité et reçu dans son journal Soir Infos pour saluer cette initiative et l’approche de la chanson.

Pourquoi avoir choisi un rythme comme le reggae pour cette chanson ?
Je suis très ouvert à plusieurs genres musicaux et je peux composer des chansons dans divers styles. Mais j’ai une grande préférence pour le reggae et je suis en train d’adopter ce rythme pour véhiculer mes messages. Parce que spirituellement et naturellement, les ondes de ce rythme permettent de dénoncer et de combattre. Le reggae est pour les anticonformistes, ceux qui ne se complaisent pas dans le suivisme ou l’adulation de la pensée unique, dans les courbettes. Et ma nature marie parfaitement avec le reggae, car depuis mon enfance jusqu’à ce jour, parents et amis s’accordent sur le fait que mon esprit se bat contre les certitudes et je me bats toujours pour sortir des sentiers battus. Une personne comme moi ne peut faire que le reggae ou le rap. Il y a 20 ans, quand je faisais mes premiers pas en musique, j’avais commencé par le rap. Aujourd’hui, j’ai migré vers le reggae en raison des couleurs musicales et mélodieuses assez piquantes. J’adore !

Vous êtes journaliste de profession. Et un journaliste qui chante, ça ne court pas les rues. Comment en êtes-vous venu là ?
Avant même de devenir journaliste, j’étais artiste. En l’an 2000, jeune lycéen, je rappais déjà et j’animais des spectacles en tant qu’impresario. En même temps que je faisais tout cela, j’écrivais des articles pour le club journal de mon école et je publiais. Mon art et mon amour pour le journalisme et la communication s’imbriquent parfaitement. L’un sans l’autre, ce serait comme l’âme sans l’esprit. Or, mon corps a besoin des deux pour s’accomplir.

Comptez-vous faire carrière en musique ?
Je suis comme le vent. Nul ne sait d’où je viens, nul ne sait où je vais ; même pas moi. La seule certitude que j’ai, c’est qu’une main surnaturelle me conduit. Je me laisse aller où elle m’emmène, librement. Journalisme, communication, musique, écriture, etc., tout dépend des opportunités. En réalité, le tout s’imbrique, Monsieur le journaliste ! Ce sont des arts de la parole, de l’image, de l’imagination. Donc leur conciliation, c’est enrichissant, nourrissant, intéressant. Ma profession est artistique avec des variantes de journalisme, de communication et de musique. Je suis ouvert à ces dimensions qui se tiennent par la main pour m’épanouir.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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