Hier soir, Sonia Dahmani, avocate et figure emblématique de l’opposition au régime du président Kaïs Saïed en Tunisie, a été arrêtée en direct à la télévision. La scène, d’une violence inouïe, s’est déroulée sur France 24, provoquant une onde de choc. La dérive autoritaire de Kaïs Saïed s’accentue.
L’avocate Sonia Dahmani, connue pour son franc-parler et ses critiques acerbes du gouvernement tunisien, participait à une émission en direct sur France 24 lorsque des hommes cagoulés ont fait irruption dans les locaux de la Maison des avocats à Tunis. Ces derniers, manifestement inconscients que la caméra était toujours en marche et qu’ils passaient en direct sur une chaîne internationale, ont violemment interpellé l’avocate.
Selon les informations, un mandat d’amener avait été émis à l’encontre de Mme Dahmani, qui avait refusé de répondre à une convocation judiciaire prévue quelques jours plus tôt. L’avocate se trouvait à la Maison des avocats depuis vendredi, cherchant refuge contre ce qu’elle considérait comme des persécutions politiques.
Réactions et inquiétudes en Tunisie
L’arrestation de Sonia Dahmani suscite une vive émotion en Tunisie. Beaucoup voient dans cet acte une tentative d’intimidation et de répression de la liberté d’expression, surtout dans le contexte tendu actuel où la Tunisie fait face à de nombreux défis, notamment sur sa politique migratoire. Pour Me Laroussi Zguir, président de l’Ordre des Avocats de Tunis, « cela ne s’est jamais produit dans l’histoire de la profession, d’autant que deux consœurs ont été agressées lors de cette arrestation musclée »
Le reporter de France 24, qui filmait l’intervention, a lui aussi été pris à partie : violenté, il a été brièvement détenu dans le but apparent de saisir la carte mémoire de sa caméra. Les forces de l’ordre s’étant aperçu que la scène était filmée. Toutefois, l’ensemble de la scène a été diffusée en direct.
Le fond de l’affaire
L’opposante tunisienne fait régulièrement parler d’elle par ses déclarations concernant la politique migratoire tunisienne. Mais les conditions dans laquelle cette arrestation s’est déroulée, semblent disproportionnées. Elles soulèvent des questions fondamentale sur l’état de la démocratie et des droits de l’homme en Tunisie. Le pays est déjà scruté de près par la communauté internationale pour sa gestion des migrants et les violences dont ils sont régulièrement victimes.
Les avocats tunisiens seront en grève lundi pour protester contre cette dérive autoritaire.
Communiqué de l’Ordre des avocats. Point 4: gréve générale ce lundi dans tous les tribunaux du Grand Tunis.
Au point de presse: une avocate a été hospitalisée après l’agression violente des civils cagoulés à la Maison des avocats. Le doyen des avocats a brillé par son absence. pic.twitter.com/5Yk8wjL2f4— Nadiah (@carnetdoute) May 11, 2024