Le journaliste Pape Alé Niang est en garde à vue depuis dimanche. Il a passé une première nuit à la Sureté Urbaine de Dakar. Les autorités lui reprochent entre autres d’avoir tenu des propos diffamatoires contre la gendarmerie.
Le patron du site d’informations privé Dakar Matin a passé la nuit entre les mains de la police sénégalaise. Connu pour ses prises de position contre le pouvoir en place, la sûreté urbaine reproche au journaliste d’avoir diffusé « des documents secrets de l’armée ». De son côté, Pape Alé Niang dit avoir été victime d’enlèvement. La police l’aurait interpellé alors qu’il effectuait une petite réparation sur sa voiture, aux Allées Papa Guèye Fall.
Arrestation en lien avec l’affaire Sweet Beauté ?
« Recel et publication de documents militaires, sans autorisation de la hiérarchie, de nature à nuire à la défense nationale. Appel à la subversion et propagation de fausses nouvelles » ; tels sont quelques uns des griefs retenus contre le journaliste. Me Ciré Cledor Ly, un de ses avocats, a précisé que c’est « sur ordre du procureur de la République » que son client fait l’objet de poursuites.
D’après la robe noire, l’arrestation est en lien avec l’affaire Sweet Beauté. Un scandale qui secoue le Sénégal depuis plus d’un an. Dans ladite affaire, l’opposant sénégalais Ousmane Sonko est accusé de viol sur une fille de 20 ans. Cette dernière, connue sous le nom d’Adji Sarr, travaillait dans ce salon de massage au moment des faits.
Lors d’une émission en direct sur Facebook, jeudi 6 novembre, Pape Alé Niang aurait tenu des propos diffamatoires contre la gendarmerie et diffusé des documents classés confidentiels. Est-ce suffisant pour l’interpeller et le placer en garde à vue ? Non, estime son avocat. Me Ciré Cledor Ly met en garde que si son client est arrêté, « il ne peut avoir que le statut de détenu politique ».
Faire taire Pape Alé Niang « pour un bon bout de temps »
«Il a été entendu et placé en garde à vue. Nous attendons maintenant à ce qu’il soit relâché ou déféré », a indiqué la robe noire. Toutefois, Me Ly doute qu’on puisse accorder au journaliste la liberté provisoire. « Ces gens-là entendent le faire taire pour un bon bout de temps. Ils veulent l’empêcher de parler », a poursuivi l’avocat.
Interpellé sur l’état d’esprit de son client, Me Ciré Clédor Ly rassure qu’il est « serein, en bonne santé, jovial, le sourire aux lèvres. Il n’a rien à se reprocher ». Cette arrestation, considérée comme celle de trop, a déclenché une levée de bouclier. En effet, des organismes de défense des droits des journalistes s’insurgent.
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C’est le cas par exemple de la Coordination des Associations de presse (CAP) qui « exprime tout son soutien à Dakar Matin ». La coordination compte « apporter toute l’assistance requise à Pape Alé Niang ». La CAP dit suivre avec attention l’affaire et « se tient prête éventuellement à toute action qui pourrait conduire à sa libération».