Au Mali, la situation politique est de plus en plus tendue. Le 20 juin 2024, onze cadres de l’opposition ont été arrêtés à Bamako alors qu’ils participaient à une réunion de la plateforme d’opposition dite « de la déclaration commune du 31 mars ».
Cette plateforme regroupe la quasi-totalité des partis et organisations politiques du pays, opposés à la prolongation de la transition malienne, qui aurait dû s’achever il y a trois mois. Les arrestations ont suscité des réactions vives parmi les partisans de l’opposition, dénonçant des actes arbitraires et une nouvelle violation des libertés fondamentales.
Des figures politiques de premier plan en détention
Parmi les personnes arrêtées figurent plusieurs anciens ministres et hauts dirigeants de partis politiques. Mohamed Ali Bathily du M5 Mali Kura, Yaya Sangaré de l’Adema et Moustapha Dicko, également de l’Adema, ont été interpellés alors qu’ils se trouvaient au domicile de Dicko où se tenait la réunion.
D’autres figures importantes, issues notamment du Rassemblement pour le Mali (RPM) de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta et du Parti pour le développement économique et la Solidarité, héritiers de l’ex-président Amadou Toumani Touré, ont également été arrêtées.
Une réunion jugée clandestine
Selon les autorités maliennes, les interpellés ont été entendus au sujet d’une « réunion clandestine » alors que toute activité politique est interdite au Mali depuis avril par les militaires au pouvoir. Les opposants, pour leur part, affirment qu’il s’agissait d’une rencontre privée pour discuter de la mise en place d’un règlement intérieur de leur plateforme et d’un plan d’action pour le retour à l’ordre constitutionnel.
La crainte de poursuites sévères
Les proches des détenus craignent que ces derniers ne soient accusés de « tentative de déstabilisation de l’État » ou « d’atteinte à la sécurité de l’État », des accusations souvent utilisées pour museler les voix critiques du régime. Le statut d’avocat de l’ancien ministre Bathily pourrait toutefois influencer le déroulement de la procédure judiciaire.
Il faut rappeler que la junte malienne, dirigée par le colonel Assimi Goïta, a suspendu jusqu’à nouvel ordre les activités des partis et associations politiques, les accusant de subversion. Depuis le coup d’État de 2020, suivi d’un second en 2021, les autorités de transition ont multiplié les mesures répressives, étouffant toute forme d’opposition sous couvert d’injonctions à l’unité nationale.
Le chemin vers la dictature ?
La plateforme d’opposition du 31 mars a fermement condamné ces arrestations, estimant qu’elles confirme « le chemin de la dictature emprunté par les autorités en place ». Les opposants réclament la libération immédiate des personnes arrêtées et la tenue d’une élection présidentielle dans les meilleurs délais. Cependant, la junte a reporté le scrutin à une date indéterminée, consolidant ainsi son emprise sur le pouvoir.
Quelle suite pour les opposants ?
Les onze cadres politiques devraient être rapidement présentés à un procureur. La situation reste incertaine, et les prochaines étapes dépendront de la réaction des autorités judiciaires et de la pression internationale. Les arrestations d’opposants marquent un tournant significatif dans la crise politique malienne. Elles suscitent des questions fondamentales sur l’avenir de la démocratie dans le pays.
Le Mali, plongé depuis 2012 dans une crise multidimensionnelle, continue de faire face à des défis majeurs. La communauté internationale observe avec attention, tandis que les Maliens espèrent un retour rapide à la stabilité et à l’ordre constitutionnel.