Arrestation de Me Guy Hervé Kam au Burkina : les mouvements citoyens interpellent Ouaga


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Me Guy Hervé Kam
Me Guy Hervé Kam

Au Burkina Faso, le célèbre avocat Guy Hervé Kam n’est plus libre de ses mouvements. Il a été interpellé, mercredi nuit, suscitant une vive réaction des mouvements citoyens. Une arrestation qui vient allonger la liste de personnalités interpellées dans des conditions dénoncées par un nombre de plus en plus élevé de Burkinabè.

L’avocat et militant des mouvements citoyens, Guy Hervé Kam, a été arrêté à l’aéroport international de Ouagadougou, dans la nuit de ce mercredi 24 janvier 2024. L’homme revenait de Bobo-Dioulasso à bord d’un vol d’Air Burkina quand des individus non identifiés en tenue civile l’ont appréhendé et embarqué dans une voiture banalisée. C’est bien plus tard que l’homme de droit a pu joindre son épouse par téléphone pour lui indiquer qu’il se trouvait à la Sûreté nationale. Il n’a toutefois pas pu donner le motif de son arrestation.

Le mouvement SENS a donné l’alerte et dénonce un « enlèvement »

C’est à travers un communiqué publié, ce jeudi matin, que le mouvement Servir et non se servir (SENS) que coordonne Me Guy Hervé Kam a rendu publique la nouvelle de son arrestation. « Le mouvement SENS a appris avec indignation l’enlèvement de son Coordonnateur national, Me Guy Hervé Kam, dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 janvier 2024 à l’aéroport international de Ouagadougou, en provenance de Bobo-Dioulasso », lit-on dans le communiqué. Suit une interpellation directe des autorités de la Transition. « Le mouvement SENS interpelle les autorités de la Transition qui ont l’obligation de protéger les citoyens sur l’ensemble du territoire national. En tout état de cause, le mouvement SENS tient les autorités de la Transition responsables de cette situation et les exhorte à relâcher sans délai Me Kam ainsi que tous les autres citoyens civils et non civils enlevés en dehors de toute procédure judiciaire », insiste le communiqué.

Le Balai citoyen exige la libération de son ancien porte-parole

Très actif dans les mouvements citoyens, Me Guy Hervé Kam a été le porte-parole du mouvement le Balai citoyen, fer de lance du renvoi de Blaise Compaoré de la tête du Burkina Faso. Il n’est donc pas étonnant qu’à l’annonce de son arrestation, ce mouvement aussi donne de la voix. En effet, peu de temps après la publication du communiqué du mouvement SENS, c’est au tour du Balai citoyen de monter au créneau pour dénoncer le fait et exiger la remise en liberté de l’avocat. « De retour d’un séjour familial à Bobo-Dioulasso, il (Me Guy Hervé Kam, ndlr) sera appréhendé sans autre forme de procès ; dans l’irrespect total de ses droits », indique le communiqué qui parle aussi d’enlèvement.

« Le Balai citoyen dénonce avec véhémence cette attitude cavalière antirépublicaine des auteurs et commanditaires de cet enlèvement de Maître Guy Hervé Kam et appelle au strict respect de ses droits et à la préservation de son intégrité physique et morale », poursuit le communiqué. Avant d’exiger à son tour la « libération immédiate et sans condition » de l’homme de droit, tout en tenant « les autorités de la transition pour responsables de toute atteinte à son intégrité physique et morale et de toute dégradation de la situation liée à ce énième enlèvement ».

Les Burkinabè de plus en plus remontés contre les arrestations extrajudiciaires

Les deux communiqués laissent transparaître une exaspération des Burkinabè face à ce qu’ils appellent des « arrestations extrajudiciaires » et qui se multiplient dans le pays ces dernières semaines. « Il est nécessaire et urgent de tout mettre en œuvre afin que la lumière soit faite sur ce énième enlèvement extrajudiciaire », peut-on lire dans le communiqué du SENS. Le Balai citoyen est également allé dans cette même direction. « Le Burkina Faso vit l’une des périodes les plus sombres de son histoire. Jamais dans ce pays, l’État de droit ainsi que la fierté et la dignité du Peuple n’ont ainsi été bafoués et mis à rude épreuve comme aujourd’hui à travers des menaces, des réquisitions punitives, des séquestrations et enlèvement tous azimuts », s’est indigné le Balai citoyen dans son communiqué.

Ces dernières semaines, le Burkina Faso a été agité par quelques interpellations de personnalités civiles et même militaires dans des conditions qui ont fait réagir nombre de Burkinabè. Il y a le cas du défenseur des droits humains, Docteur Daouda Diallo, de l’ancien ministre Ablassé Ouédraogo, de l’ex-patron de la gendarmerie burkinabè, le lieutenant-colonel Evrard Somda.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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