Le Nigeria a accepté d’offrir temporairement l’asile au Président haïtien déchu. La destination finale de Jean-Bertrand Aristide, actuellement en Jamaïque, n’a toujours pas été déterminée. Aucun candidat ne s’est proposé pour l’accueillir.
Quelle sera la destination finale de Jean-Bertrand Aristide ? Le Président haïtien déchu pourrait bientôt quitter la Jamaïque pour le Nigeria. Le pays ouest-africain a accepté lundi de lui offrir asile, mais seulement à titre temporaire. Aucun pays ne s’est engagé à accueillir à long terme l’ancien homme fort de Port-au-Prince. L’une des raisons réside dans le fait qu’il a causé des problèmes aux Etats qui lui ont accordé l’hospitalité.
En théorie, Jean-Bertrand Aristide devait rester une dizaine de semaines en Jamaïque, où il est arrivé avec sa femme le 15 mars dernier pour rendre visite à ses deux filles. Mais son séjour familial pourrait être écourté. « La Caricom (Communauté des Etats des Caraïbes, ndlr), sous l’autorité du Premier ministre de Jamaïque Percival Patterson, a demandé au Nigeria d’envisager d’accueillir l’ancien président d’Haïti Jean-Bertrand Aristide en escale pendant quelques semaines, jusqu’à ce qu’il gagne un autre pays », expliquait, lundi dans un communiqué, la porte-parole du Président nigérian Olusegun Obasanjo. Le Nigeria a accepté la proposition après avoir notamment reçu l’aval « des leaders africains, de la direction de l’Union africaine [et] du gouvernement américain », mais l’ex-chef d’Etat caribéen n’a pour l’instant pas fait part de sa décision.
Un invité qui parle trop
Son départ permettrait à la Jamaïque de renouer des relations diplomatiques normales avec les Etats-Unis et la Caricom, très hostiles à une présence prolongée de Jean-Bertrand Aristide sur une terre si proche géographiquement d’Haïti. Ils craignent, en effet, une tentative de déstabilisation. D’autant plus que le chef d’Etat clame haut et fort qu’il est « le Président démocratiquement élu » d’Haïti, qu’il a été chassé du pouvoir par les Américains et les Français et qu’il ne reconnaît pas le gouvernement du Premier ministre Gérard Latortue. Des déclarations qu’il a fréquemment émises depuis la Centrafrique, sa première terre d’asile après qu’il eut dû quitter le pouvoir le 29 février dernier. Elles ont mis dans l’embarras les autorités de Bangui, qui lui ont demandé à plusieurs reprises de « respecter l’obligation de réserve à laquelle il [était] tenu » et « les règles de l’hospitalité ».
Ce manque de « discipline » pourrait expliquer qu’aucun pays ne lui ait encore offert asile. L’Afrique du Sud, citée dès le départ comme une terre d’accueil favorable, est jusqu’à présent restée discrète, en dépit du soutien apporté par le passé à Jean-Bertrand Aristide. Thabo Mbeki avait notamment financé, en janvier dernier, une partie des festivités pour le bicentenaire de l’indépendance d’Haïti. Mais l’arrivée des élections parlementaires sud-africaines, le 14 avril prochain, pourrait pousser Pretoria à garder le silence.
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