Mercredi, les avocats des neuf personnes inculpées dans le cadre de l’affaire de l’Arche de Zoé se sont vus refuser la mise en liberté de leurs clients. La décision du juge d’instruction fait suite à la manifestation anti-française qui s’est déroulée, ce même mercredi, dans le centre de N’Djamena, la capitale tchadienne. Cette marche de protestation intervient au lendemain de l’intervention de Rama Yade, la secrétaire d’Etat française des Affaires étrangères et aux droits de l’Homme, qui a déploré la « mise en cause » de la France après l’arrestation des travailleurs humanitaires.
Le juge chargé de l’enquête sur l’affaire de l’Arche de Zoé a rejeté, mercredi, les demandes de mise en liberté des six français et des quatre tchadiens détenus à N’Djamena pour enlèvement de mineurs et escroquerie. Selon une source judiciaire, le juge a estimé qu’ « en raison de la gravité des faits, la mise en liberté provisoire des inculpés risquait de nuire à la manifestation de la vérité et de l’ordre public ». Il a souligné que « les dispositions des parties civiles n’étaient pas encore reçues pour asseoir sa décision ».
Le refus de la remise en liberté des français fait écho à la manifestation qui s’est déroulé, ce mercredi, en plein cœur de la capitale tchadienne. « A Bas Sarkozy! », « la traite négrière c’est fini! », « le Tchad est indépendant depuis 1960 ! », tels sont les slogans anti-français qu’on pouvait entendre dans les rues de N’Djamena, où un bon millier de personnes étaient rassemblées place de l’Indépendance, à proximité du palais de Justice et de l’ambassade de France.
Certains manifestants, pour la plupart des jeunes, qui se déplaçaient en mobylettes, en ont profité pour lancer des pierres sur des véhicules dans lesquels se trouvaient des Occidentaux, a remarqué un journaliste de l’AFP. Ce ressentiment anti-français fait suite à l’opération avortée de l’Arche de Zoé. Association française dont six membres, arrêtés le 25 octobre, sont accusés d’enlèvement de mineurs et d’escroquerie pour avoir tenté d’acheminer en France 103 enfants à partir du Tchad.
Des marches de protestation anti-françaises avaient déjà eu lieu la semaine dernière au moment des auditions des inculpés dans l’affaire de l’Arche de Zoé. Celles-ci, qui ne réunissaient qu’une dizaine de personnes, n’avaient pas pris la tournure violente du rassemblement de ce mercredi. Des appels à « une manifestation pacifique » contre « les agissements de l’Arche de Zoé » avaient pourtant été émis par des associations de femmes commerçantes ainsi que par le réseau des Association des droits de l’Homme au Tchad.
La France, « première victime » de cette affaire
Ce rassemblement anti-français intervient au lendemain de la déclaration de Rama Yade, la secrétaire d’Etat française aux Affaires étrangères et aux droits de l’Homme. Interrogée, mardi, par RFI, elle a déploré que la France soit « la première victime » de l’affaire de l’Arche de Zoé et qu’elle ait été « mise en cause » après l’arrestation au Tchad des humanitaires français.
La secrétaire d’Etat a, par ailleurs, insisté sur les conséquences d’un tel acte sur la politique humanitaire, rappelant que lorsqu’une ONG travaillait à l’étranger, leurs membres « engageaient aussi (…) l’image du pays ». Pour éviter que d’autres associations prennent exemple sur l’Arche de Zoé, Rama Yade a invité les organisations non gouvernementales à un travail de réflexion sur le contrôle de leur action et sur « la responsabilité individuelle » de leurs adhérents.
Concernant les Français détenus au Tchad, la secrétaire d’Etat n’a pas voulu donner de date de retour. Le but, selon l’intéressée, étant « de ramener les Français dans leurs pays avant ou après leur jugement au Tchad ». Les magistrats français devraient arrivés cette semaine pour décider du sort des inculpés, a-t-elle ajouté, devant les micros de RFI.
La refus de la mise en liberté des français pourrait bien être la preuve pour les Tchadiens, désireux de voir les membres de l’arche de Zoé détenus et jugés sur place, qu’ils ont, finalement, obtenu gain de cause.