Une manifestation aura lieu à Paris, samedi après-midi, pour dénoncer l’opération de l’Arche de Zoé. La médiatisation excessive des six Français, prisonniers au Tchad, et de la polémique autour de leur possible extradition, ferait presque oublier le sort des enfants et de leurs familles, victimes impuissantes de cette affaire. Dans un entretien accordé à Afrik.com, Irénée Mouldabaye, directeur artistique de « Sao-Culture », association tchadienne à l’origine du collectif « Autour des 103 enfants du Tchad », revient sur le sort des enfants, le moteur de ce rassemblement pour le respect de leurs droits et de leur dignité.
Cent trois enfants. C’est le nombre des victimes oubliées dans l’affaire de l’Arche de Zoé. Alors que l’on polémique sur la possible extradition des prisonniers français dans leurs pays, des enfants continuent à vivre loin de leurs proches, de leurs villages. Samedi, à Paris, un collectif baptisé « Autour des 103 enfants du Tchad » manifestera pour dénoncer l’opération de l’Arche de Zoé et l’ingérence française dans les affaires internes du pays africain. Irénée Mouldabaye, directeur artistique de « Sao-Culture », une des associations à l’initiative du collectif, répond aux questions d’Afrik, relatives à la création du rassemblement et au sort des enfants.
Afrik : Pourquoi avez-vous créé « Autour des 103 enfants du Tchad » ?
Irénée Mouldabaye : Dès le début, l’affaire de l’Arche de Zoé nous a interpellé. On a très vite pris conscience de la situation : les pressions sur la justice tchadienne pour extrader les détenus, la déclaration de Nicolas Sarkozy… De plus, on a beaucoup victimisé les membres de l’association française qui sont prisonniers au Tchad. Dans tout cela, on a oublié les enfants et leurs familles. Ce collectif demande le respect des droits et de la dignité des enfants et l’indépendance de la justice tchadienne.
Afrik : Que pensez-vous de la situation des enfants ?
Irénée Mouldabaye : elle n’est pas enviable, ni pour les enfants, ni pour leurs familles. On dirait qu’on les oublie. On les a retirés de leur milieu, de leur vie. C’est cruel. L’enlèvement des enfants n’est pas une solution pour aider les pays victimes des drames humains, comme celui du Darfour. Il faut plutôt aider ces pays à se développer. Ainsi les enfants pourront vivre dans un environnement sain et dans une société paisible.
Afrik : Comment s’organise votre collectif ?
Irénée Mouldabaye : A l’initiative de ce collectif, il y a deux associations tchadiennes : « Agir là-bas » qui s’occupe d’aider les enfants tchadiens et « Sao-Culture », spécialisée dans la promotion de la musique tchadienne pour laquelle je travaille. On voulait dénoncer l’opération de l’Arche de Zoé, on a donc commencé à contacter d’autres organisations. Le collectif est constitué d’une dizaine d’associations tchadiennes, africaines et françaises comme « le Mouvement pour une nouvelle humanité ».
Afrik : Quel est le but de ce rassemblement ?
Irénée Mouldabaye : Le but de ce rassemblement et à fortiori de ce collectif est de condamner l’opération de l’Arche de Zoé et l’ingérence française. La déclaration du chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, qui envisage d’aller chercher les six prisonniers français « quoi qu’ils aient fait », est inacceptable. D’autre part, nous demandons réparations pour les préjudices résultant de cette opération, ainsi que la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire mixte assistée de représentants de la société civile et de juristes internationaux.
Afrik : Etes-vous le seul collectif à vous intéresser aux enfants de l’Arche de Zoé ?
Irénée Mouldabaye : Non, il y a un collectif qui est en train de se monter à Lille. Il s’appelle « les 103 enfants du Darfour et du Tchad ». Il souhaite réunir des avocats tchadiens pour défendre les droits des enfants et des familles.
Manifestation du collectif « autour des 103 enfants pour le Darfour » le samedi 17 novembre à 14H30 au parvis des droits de l’Homme.