Malgré la grande renommée dont DJ Arafat jouissait de son vivant, il n’était pas vraiment perçu de la même manière par tous. Si pour certains, il était un frère, un fils et un compagnon, la plupart des gens le considéraient comme un dieu mais pas n’importe lequel ; celui du coupé-décalé. Et entre nous, il faut bien le reconnaître, il avait l’habileté et le doigté nécessaires pour faire danser tous ceux qui lui prêtaient une oreille attentive. Afrik.com revient sur le parcours de cette légende de la musique ivoirienne qu’a été DJ Arafat.
Une enfance difficile aux prémices d’un succès inattendu
Ange Didier Huon, alias DJ Arafat, n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler un modèle durant son enfance. Ayant subi certaines influences négatives de sa mère Tina Glamour – une chanteuse critiquée pour son style pour le moins osé, vulgaire et obscène – et des absences répétitives de son père, lui aussi musicien, le jeune Ange était complètement livré à lui-même. Livré donc à la rue, il développa très tôt, dès l’âge de 11 ans, certains vices comme l’alcool, le banditisme et le vagabondage.
Ses mauvaises fréquentations ainsi que son goût pour la musique bruyante vont l’amener à côtoyer quelques coins chauds comme les boîtes de nuit et même le célèbre maquis abidjanais, Shangaï. Tout ceci lui a été tout de même profitable puisque quelques années plus tard, dans ce maquis, il fît la connaissance du producteur Roland Le Binguiste qui a décidé de miser sur ses talents musicaux. Cette rencontre inopinée a beaucoup apporté au futur « président de chine ».
Un an après la création du « coupé-décalé » par la jeunesse ivoirienne, en 2002, avec Stéphane Doukouré alias Douk Saga en tête du mouvement, le jeune Didier ne tarde pas à s’approprier ce nouveau concept musical basé sur des instrumentaux mélodieux très cadencés et surtout riches en percussions. Malgré les tensions liées à la guerre civile, il arrive à dévoiler son premier tube, un titre en « Hommage à Jonathan », qui permet à beaucoup de jeunes de s’évader et de retrouver le sourire.
Décidé à profiter pleinement de son ascension sur la scène musicale ivoirienne, l’artiste prometteur ne tarde pas à dévoiler son premier album intitulé « Goudron Noir ». A cette époque, il était encore loin de se douter que quelques années plus tard, il deviendrait le symbole incontesté du coupé-décalé.
Arafat : le sobriquet parfait pour Ange Didier Huon
Contrairement à ce que pensent plus d’un, la star ivoirienne DJ Arafat, ne s’est pas toujours fait appeler ainsi. Ce nom d’artiste, qui a aujourd’hui des retentissements dans la sous-région africaine et même au plan international, le chanteur le doit particulièrement à son tempérament trempé.
En effet, bien que très jeune, les traits forts qui définissaient sa personne jusque dans les derniers instants de sa vie terrestre apparaissaient déjà clairement chez lui. Ses compagnons libanais voyaient même en lui plusieurs facettes du dirigeant du Fatah et de l’Organisation de la libération de la Palestine, Yasser Arafat. D’après eux, Didier et celui-ci avaient plus en commun qu’il voudrait bien le croire. Du coup, ils lui attribuent le surnom d’Arafat, en référence à ce dernier. Cela n’a pas déplu au chanteur qui n’a pas hésité à l’adopter comme nom de scène.
C’est ainsi, qu’il se fit connaître en France – peu de temps après la sortie de son premier album – sous l’alias d’Arafat DJ après avoir répondu à l’invitation de Désiré Kouadio, un promoteur de spectacles. Très inspiré, il sort en 2005 un nouvel album qu’il nomme « Femme » puis choisit de s’établir à Paris malgré le fait que son visa n’allait plus tarder à expirer. Cela lui a valu un mois dans un Centre de détention administrative avant d’être renvoyé dans son pays d’origine.
Un artiste au succès fulgurant
De retour en Côte d’Ivoire, DJ Arafat brille d’abord par un silence scénique qui va durer environ 30 mois, avant de relancer les audiences sur Internet avec la sortie de son troisième album, en 2008. Dès lors, il enchaîne les titres à succès les uns à la suite des autres. Et le titre qui donne le top de son ascension fulgurante n’est ni plus ni moins que son featuring avec Debordo Leekunfa. En effet, plusieurs de ses œuvres, à l’instar de « Kpangor », « Lebede 2 » et « Bouddha », vont se succéder et même décrocher, plusieurs fois de suite, la première place des classements des tubes ouest-africains.
Allant de concept en concept et d’une danse à une autre, le roi du coupé-décalé va, peu à peu devenir, un amasseur de foule hors pair, sur tout le continent africain. Cette popularité de l’artiste finit par donner naissance à l’un des plus grands fans club du monde, les « chinois ». Cette mer de fans n’a cessé de s’étendre jusqu’à son décès et même au-delà. Cependant, son parcours a également été rythmé par les nombreux assauts de ses détracteurs à qui le Daïshi n’a jamais fait de cadeau, de son vivant.
Il faut dire qu’en dehors de sa vie musicale, la star ivoirienne a souvent été au centre de multiples polémiques. Mais cela ne l’a pas empêché de devenir, à partir de l’année 2010, le symbole du coupé-décalé. Son dixième et dernier album baptisé « Renaissance » est actuellement très écouté sur iTunes. Même mort, l’illustre chanteur continue de faire danser petits et grands qui ne se lassent pas d’écouter ses œuvres musicales, encore et encore.