De l’école française de Lomé à la pratique de la peinture, l’itinéraire de Ludovic Lepage passe et repasse par la Côte de l’Or dont il parvient à saisir subtilement les atmosphères et les habitants.
Ce que Ludovic Lepage capte du Togo et du Bénin, au cours de ce voyage pictural effectué à partir de l’automne 2010, ce sont avant tout les couleurs et les harmonies. Il campe son chevalet léger au milieu du marché ou au bord d’une plage, à la sortie d’un atelier ou le long d’une rue.
Scènes vivantes
Devant son regard une scène se déroule, et son pinceau saisit l’instant. Ici ce sont deux soeurs qui se parlent de part et d’autre de leur étal de légumes, là des paysans qui déjeunent en plein champ, ailleurs c’est un salon de coiffure le long d’une rue en terre battue, ou encore deux ouvriers qui fument une cigarette à l’entrée de l’usine.
Toujours c’est une dégringolade de couleurs chaudes et joyeuse, qui s’enrobent dans une danse à la fois réaliste et esthétique. on croit entendre l’eau couler, le grésillement de la radio qui accompagne les gestes du quotidien, on croit sentir les effluves chargées du vent après la pluie, on entend les cris sur la plage ou le bruit du rabot sur la planche…
Humanité vibrante
Jamais l’humanité n’est absente, toujours la vie déboule dans le tableau, quand elle ne le submerge pas de sa puissante verve naturelle. L’aquarelle, technique si légère, comme allusive, parvient à rendre la densité spéciale de l’atmosphère togolaise, cette épaisseur énergique de la lumière et de la végétation, cet appétit de vivre qui parcourt comme un tremblement toutes choses et êtres, même inanimés.
L’oeuvre de Ludovic Lepage est désormais riche d’un cycle d’aquarelles africaines, bien différentes de ses recherches esthétiques précédentes. Comme si le Togo et le Bénin, terres nourricières et pour lui un peu maternelles, avaient commandé cette technique et ces partis-pris colorés.
Etonnante vérité
L’art naît souvent, sans qu’on le devine ensuite, d’une certaine disposition de l’artiste qui accepte de se laisser subjuguer par un sujet, une atmosphère, un lieu, une scène, et se contente de les restituer au mieux, dans une attention appliquée à ce qu’il ressent, retient, remarque. C’est la modestie du vrai peintre, qui met sa liberté à l’écoute de ce qu’il entend représenter. Très simplement, Ludovic Lepage a cette modestie -et ce génie.