La capitale sénégalaise, Dakar, est en proie à des violences, au moment où nous mettons cet article sous presse. Les partisans de l’opposant Ousmane Sonko affrontent les forces de défense et de sécurité. Le leader de Pastef était au tribunal pour un procès l’opposant à Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme et des Loisirs.
A Dakar,
C’est le sauve-qui-peut à Dakar, plus précisément du côté de la Corniche Ouest jusqu’à la cité Keur Gorgui. Que se passe-t-il ? A l’heure actuelle, ce sont des sirènes des voitures des forces de l’ordre qui retentissent en plus des détonations de gaz lacrymogènes. Il est question de dégager les voies obstruées par des sympathisants de l’opposant Ousmane Sonko. Ces derniers, en plus d’attroupements, affrontent les éléments de la police et de la gendarmerie à coups de pierres.
Gaz lacrymogènes contre jets de pierres à Dakar
Chargés par les forces de l’ordre par des jets de gaz, ils se dispersent dans les quartiers de Médina, Gueule Tapée, Fann Hock et autre Mermoz. Très en colère, les manifestants, en plus de répliquer par des jets de projectiles, barrent les grosses artères de Dakar. Dans leur repli, ils prennent d’assaut les deux ruelles qui longent le Canal VI, au moment même où notre voiture tentait de se rapprocher de la Corniche où Ousmane Sonko était immobilisé. Une véritable foule en furie, qui ne réfléchit bien évidemment pas.
Des coups de colère donnés par certains sur les vitres, tandis que d’autres nous demandaient de nous frayer un passage. Auparavant, deux d’entre les manifestants ont tiré un kiosque d’Orange Money sur notre voiture. Heureusement que l’objet a atterri sur la jante. Plus de peur que de mal, juste quelques éraflures. Mais dans les environs, c’est le désordre dans la circulation, chacun voulant éviter d’être pris à parti par des sympathisants visiblement remontés. Dans la foulée, les gendarmes extirpent Sonko de sa voiture et l’acheminent chez lui. Que s’est-il passé pour en arriver à cette violence du jour ?
Procès Sonko contre Mame Mbaye Niang, le détonateur
Ce jeudi 16 février 2023, Ousmane Sonko était convoqué au tribunal de Dakar. Le leader de Pastef devait faire face au juge dans le cadre du procès qui l’oppose à Mame Mbaye Niang. L’opposant avait accusé ce proche du régime, alors au Prodac (Programme des domaines Agricoles Communautaire), d’avoir détourné plusieurs milliards. Des accusations qui ont fini sur la table du juge. Les deux étaient convoqués pour un procès, ce jeudi. Lequel procès a été renvoyé au 16 mars prochain.
Au moment de rentrer chez lui, Ousmane Sonko, qui empruntait la Corniche Ouest, refuse de passer par le tunnel, comme prévu par les forces de l’ordre qui voulaient éviter tout attroupement. Chose que le leader de Pastef refuse et décide de passer au-dessus du tunnel. Un rassemblement est vite créé et les choses virent. La bataille entre sympathisants de l’opposant et forces de l’ordre est engagée. Il y eut des blessés. Et au moment où nous publions ces lignes, les heurts se poursuivent du côté de la Cité Keur Gorgui, lieu de résidence d’Ousmane Sonko.
Des incidents après ceux de Mbacké
Notons que ce matin, il y a eu un accrochage entre les forces de sécurité et Ousmane Sonko accompagné de son équipe. Ce, lorsqu’un véhicule de la gendarmerie a heurté un autre du cortège de l’opposant. Ce dernier se rendait au tribunal pour prendre part au procès. Le leader de Pastef est même sorti de sa voiture pour exiger des gendarmes qu’ils laissent passer tout son cortège. A défaut, a-t-il menacé, « je ne bougerai pas d’ici ». Non sans afficher toute sa colère (voir photo) après avoir constaté que l’une de ses voiture a été heurtée.
Ces incidents surviennent après ceux de Mbacké, une région centre du Sénégal où des heurts ont éclaté vendredi. Ce jour-là, l’opposant sénégalais avait prévu un meeting que le Préfet de la ville avait interdit. Ses partisans sont descendus dans les rues entraînant des affrontements avec les forces de l’ordre. Il y eut des échauffourées et beaucoup de saccages, notamment des stations-service, une agence de communication et des boutiques pillées. Lors du procès tenu hier mercredi, le procureur de Diourbel a délivré des mandats de dépôt contre plusieurs manifestants arrêtés.