Après le billet de 5 000 francs CFA, Kemi Seba brûle son passeport français


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Kemi Seba
Kemi Seba

Samedi 16 mars 2024, Kemi Seba a tenu une conférence de presse en France. Au cours de cet échange avec les journalistes, le militant panafricaniste a brûlé son passeport français.

Une vidéo du militant panafricaniste franco-béninois Kemi Seba fait le tour des réseaux sociaux, depuis ce samedi soir. On y voit l’homme devant des militants brûlant son passeport français. En déclarant : « Votre passeport, ce n’est pas un os que vous nous donnez ou nous retirez en fonction de notre degré de soumission vis-à-vis de vous, comme si les Noirs étaient de chiens ». Et de clamer haut et fort sa fierté d’être Africain : « Je suis un homme noir libre. Je suis un Africain libre. Je suis un Béninois libre ».

Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, est un militant panafricaniste franco-béninois connu pour son activisme contre le néocolonialisme et pour la promotion de la souveraineté africaine. Fondant plusieurs organisations, dont la plus récente, Urgences Panafricanistes, il se bat pour l’unité et le développement autonome de l’Afrique. Figure controversée, Seba est célèbre pour ses actions spectaculaires et ses discours engagés.

Une réponse aux autorités françaises

À travers ce geste, Kemi Seba a voulu apporter une réponse forte aux autorités françaises qui ont annoncé, il y a quelques jours, avoir enclenché une procédure pour le déchoir de sa nationalité française. En réaction, le militant avait immédiatement déclaré : « C’est pour nous une décoration de guerre, et je ne mendierai pas pour garder leur nationalité ». Et d’ajouter : « Africain et fier de l’être jusqu’à mon dernier souffle ». Ce samedi, il a franchi le pas.

Cet acte n’est pas sans rappeler un autre acte posé par le Franco-Béninois, en août 2017, à Dakar. Le président de l’ONG Urgences Panafricanistes avait publiquement brûlé un billet de 5 000 F CFA lors d’un rassemblement à Dakar. L’acte lui avait valu une arrestation. Puis un jugement à l’issue duquel il a été acquitté.

Une conférence de presse d’abord interdite

La manifestation organisée par Kemi Seba, ce samedi, en France, a d’abord été interdite par la préfecture. Le Préfet évoquant des risques de trouble à l’ordre public. Mais, cette interdiction a été cassée par le tribunal administratif de Versailles. En effet, le juge a vu dans l’arrêté préfectoral « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression et à la liberté de réunion ».

Kemi Seba n’a pas manqué de saluer cette décision du tribunal qu’il a savourée comme une victoire sur le gouvernement français. « La censure du gouvernement français a échoué : la conférence de presse est maintenue. La préfecture a voulu l’interdire, mais le tribunal administratif vient de nous donner raison et suspend l’arrêté d’interdiction », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux. Pour autant, il faut noter que c’est bien les institutions françaises, à travers la justice de l’hexagone, qui lui donnent l’occasion de s’exprimer. La liberté d’expression reste garantie par la France.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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