Après la Tunisie, le Maroc face au spectre de la soif


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Une goutte d'eau
Une goutte d'eau

Alors que la Tunisie est en proie à des troubles sociaux alimentés par une crise hydrique sans précédent, c’est au tour du Maroc de tirer la sonnette d’alarme. Le royaume chérifien voit ses réserves s’amenuiser à un rythme alarmant.

Les images de manifestations en Tunisie, où des citoyens exaspérés réclament l’accès à l’eau potable, ont fait le tour du monde. Si la situation est particulièrement tendue dans l’ensemble du Maghreb, la Tunisie et le Maroc sont particulièrement touchés. Les deux pays partagent un même constat : le changement climatique, couplé à une croissance démographique soutenue, met à rude épreuve les ressources en eau.

Au Maroc, les réserves des barrages sont à un niveau historiquement bas. Les nappes phréatiques, surexploitées, montrent des signes de tarissement. Les agriculteurs, premier consommateur d’eau, sont les premiers touchés. Les villes, en particulier les grandes métropoles comme Casablanca, voient leurs réserves s’amenuiser et les coupures d’eau se multiplier.

Les causes d’une crise

Les causes de cette crise sont multiples et interconnectées. Le changement climatique joue un rôle prépondérant, avec une diminution des précipitations, une hausse des températures et une multiplication des épisodes de sécheresse. En parallèle, la croissance démographique, notamment dans les zones urbaines, entraîne une hausse continue de la demande en eau. Enfin, la mauvaise gestion des ressources, caractérisée par des infrastructures vieillissantes, des fuites dans les réseaux de distribution et des pratiques agricoles intensives en eau, contribue à aggraver la situation.

Si la situation ne s’améliore pas, les conséquences peuvent être dramatiques. L’insécurité alimentaire menace, avec une baisse de la production agricole qui pourrait entraîner des pénuries alimentaires et une hausse des prix. Comme en Tunisie, des tensions sociales risquent d’émerger, la compétition pour l’accès à l’eau pouvant générer des conflits entre les différents usagers. Enfin, la dégradation des conditions de vie pourrait pousser les populations à migrer vers des régions plus riches en eau, créant de nouveaux défis démographiques et sociaux.

Quelles solutions ?

Pour faire face à cette crise, des mesures urgentes sont mises en place, avec en tête de file le projet innovant de l' »autoroute de l’eau ». Ce projet ambitieux, lancé en novembre 2022, vise à relier hydrauliquement les bassins du fleuve Sebou et de l’oued Bouregreg. Selon Ahmed El Bouari, directeur de l’Irrigation et de l’Aménagement de l’espace agricole au ministère de l’Agriculture, plus de 20 millions de mètres cubes d’eau ont déjà été transférés depuis le début des essais. L’objectif est d’atteindre une capacité de transfert quotidienne d’un million de mètres cubes d’eau. Ce projet, d’un coût estimé à six milliards de dirhams, comprend la construction de deux stations de pompage et l’installation de 66,5 kilomètres de canalisations capables de transporter 15 mètres cubes d’eau par seconde. Il vise principalement à répondre à la demande croissante en eau potable des villes de Rabat et Casablanca.

Au-delà de ce projet phare, d’autres solutions sont explorées. Une gestion intégrée des ressources en eau s’impose, avec la mise en place de politiques cohérentes pour une utilisation plus rationnelle, mais aussi le développement de nouvelles sources d’eau, telles que le dessalement de l’eau de mer, la récupération des eaux pluviales et la réutilisation des eaux usées. Enfin, l’agriculture, secteur clé de l’économie marocaine, doit évoluer vers des pratiques plus durables et moins consommatrices en eau.

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