Après la restitution des têtes maories, celle des objets sacrés africains ?


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La tête maorie conservée au muséum de Rouen va enfin rentrer chez elle, en Nouvelle-Zélande. Cette décision, pourtant inattendue, concerne également 15 autres têtes actuellement détenues par divers musées français. L’élément déclencheur ? Un texte de loi, initialement voté par le Sénat en juin 2009, puis adopté à la grande majorité le jeudi 29 avril dernier par l’Assemblée Nationale et entré en vigueur mardi. Et si ce nouvel édit révolutionnait le paysage de la restitution des biens culturels en Afrique ?

Huit ans après le vote de la loi relative à la remise à l’Afrique du Sud de la dépouille de Saartje Baartman, dite la Vénus Hottentote, l’adoption d’un nouveau texte de loi risque de faire du bruit dans le débat sur la restitution des biens culturels. Un dossier épineux. Le jeudi 29 avril, les députés de l’Assemblée Nationale se sont prononcés à la grande majorité pour l’adoption d’un texte de loi visant à restituer à la Nouvelle-Zélande, 15 têtes maories actuellement conservées dans divers musées français. Proposé au Sénat en juin 2009 par Catherine Morin-Desailly, sénatrice, centriste de Rouen, cet édit avait été accepté, sans être modifié, par l’ensemble des acteurs présents. Une décision d’autant plus surprenante que le retour d’une des têtes maories, conservée au Muséum de Rouen avait été refusé par les autorités françaises. Dernière étape franchie pour l’adoption définitive de cette loi : le scrutin solennel ayant eu lieu mardi 4 mai. 457 députés ont voté pour et 8 contre.

Le bout du tunnel pour tous les pays demandant la restitution de leurs biens culturel ? Rien de moins sûr. « Mais c’est un immense pas en avant. Avant cette loi, les musées européens ne voulaient pas entendre parler de restitution. Maintenant ils commencent à l’envisager. Cela peut mettre en branle la question de la restitution à l’Afrique », déclare Abdoulaye Camara, ex-président du musée d’art africain de Dakar. Une loi complexe qui ne concerne cependant que les restes humains pour le moment. Mais « est-ce-que l’humain peut être considéré comme une pièce de collection ? », s’interroge-t-il. Actuellement oui. Et c’est précisément sur ce point que ce nouveau texte de loi peut s’avérer révolutionnaire. Il prévoit de « réactiver » la procédure de déclassement des collections publiques dites « inaliénables ». Une procédure qui devrait permettre le retour au pays de nombreux restes humains stockés, le plus souvent, dans les réserves des musées occidentaux. « La conscience populaire a du mal à considérer que ces ossements puissent rester ainsi sans sépulture, loin de leur terre natale », s’indigne Abdoulaye Camara. Cette loi répond donc à une question éthique longtemps restée en suspens. Ces restes humains, considérés comme des objets d’art par le public occidental, et comme des objets sacrés par leur peuple d’origine, pourront enfin bénéficier de sépultures traditionnelles.

La tête maorie conservée à Rouen y avait été déposée en 1875 par un particulier. Plusieurs villes à travers le monde telles que Genève, Glasgow, Edimbourg, Londres, ou Copenhague avaient déjà répondu positivement à la demande de restitution de la Nouvelle-Zélande. Rouen est la première ville française à s’inscrire dans une telle démarche, qu’Huguette Bello, députée réunionnaise, appelle « l’appel de la terre natale ».

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