
Le ministère de l’Intérieur koweïtien a récemment pris une décision lourde de conséquences : la déchéance de nationalité pour 962 individus, parmi lesquels figurent des ressortissants d’origine marocaine. Cette annonce intervient après une récente décision annoncée par la France allant dans le sens de durcir les conditions migratoires vis-à-vis des citoyens marocains.
Le Koweït compte retirer la nationalité à 962 individus. Une mesure qui découle des conclusions d’une commission d’enquête et s’appuie sur la loi koweïtienne sur la nationalité de 1959, amendée à plusieurs reprises. Cette mesure frappe plusieurs ressortissants marocains. Pour 13 d’entre eux, le retrait de la nationalité est justifié par la possession d’une double citoyenneté, ce qui enfreint les dispositions de l’article 11 de la loi concernée. Un autre groupe, plus important, constitué de 186 cas, est accusé d’avoir obtenu leur nationalité de manière irrégulière, par fraude, fausses déclarations ou dépendance familiale, selon l’article 21 bis.
De même, 82 autres personnes sont concernées par des accusations similaires en vertu de l’article 13. Au total, 281 cas sont clairement détaillés dans le communiqué, laissant dans l’ombre les 681 autres personnes concernées, sans précision sur les motifs exacts. Ce flou renforce le sentiment d’insécurité juridique parmi les expatriés marocains vivant au Koweït, souvent en quête d’une meilleure vie.
France : vers une politique migratoire plus rigide
Dans le même temps, la France annonce un durcissement de ses politiques migratoires, ce qui pourrait impacter les Marocains installés sur son territoire ou souhaitant s’y établir. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a présenté plusieurs mesures qui entreront progressivement en vigueur. Parmi celles-ci : une circulaire visant à restreindre davantage l’accès à la nationalité française sera prochainement envoyée aux préfets. Le droit de séjour, qualifié par le ministre de « faveur » accordée aux étrangers en situation régulière, sera soumis à des conditions plus strictes.
Autre changement majeur : à partir du 1er janvier 2026, un niveau plus élevé de maîtrise de la langue française sera requis pour obtenir un titre de séjour. Cette mesure, prévue par la Loi Darmanin, vise à renforcer l’intégration mais marque également une volonté de sélection plus rigoureuse à l’entrée. Par ailleurs, une liste actualisée des métiers en tension – qui permettent aux sans-papiers d’être régularisés par le travail – sera publiée d’ici septembre, ce qui pourrait représenter une opportunité pour certains, mais une impasse pour beaucoup d’autres.
Des expulsions en hausse, une pression croissante sur les Marocains
Dans le cadre de sa réforme, la France affiche aussi une volonté de coopérer plus étroitement avec les pays d’origine, notamment le Maroc, où Retailleau prévoit de se rendre prochainement. L’objectif : améliorer la délivrance de laissez-passer consulaires, documents indispensables pour renvoyer un ressortissant dans son pays. Depuis fin janvier, à la suite d’une note interne demandant un renforcement des contrôles sur les régularisations, ces dernières ont chuté de 20%.
En parallèle, les expulsions forcées ont augmenté de 9%, et les éloignements assistés de 15%, entre octobre 2024 et février 2025. À l’échelle européenne, les chiffres publiés par Eurostat confirment une tendance inquiétante : en 2022, 431 000 migrants ont été expulsés, dont 31 000 Marocains, plaçant le Maroc parmi les pays les plus touchés. La France, à elle seule, représente 31% de ces expulsions, loin devant l’Allemagne et la Grèce.
Avenir incertain pour les jeunes Marocains en quête d’opportunités
Alors que 1,1 million de personnes étaient en situation irrégulière en Europe en 2022 (soit une augmentation de 65% par rapport à l’année précédente), de nombreux Marocains voient leurs rêves d’ailleurs se transformer en parcours du combattant. Si certains réussissent à obtenir un titre de séjour à des fins d’études ou de recherche – comme les 421 000 délivrés en 2022 – une majorité doit faire face à une réalité de plus en plus hostile.
La vie des expatriés marocains, entre aspirations légitimes à une vie meilleure et contraintes administratives de plus en plus strictes, semble aujourd’hui marquée par l’incertitude, la précarité juridique et le risque constant de l’exclusion. Qu’il s’agisse du Koweït, de la France ou d’autres pays d’accueil, les défis à relever sont immenses pour cette diaspora en quête de stabilité.