Le Maroc pourrait suspendre ses relations avec l’Espagne, comme il vient de le faire avec l’Allemagne, en raison de « profonds malentendus » sur la question de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Le Maroc vient de suspendre ses relations avec l’Allemagne dont plusieurs autorités, à diverses occasions, n’ont pas caché leur opposition à la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara, estimant que cette décision de l’administration Trump « est contraire aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU ».
La suspension par le Maroc de ses relations avec l’Allemagne sonne comme un avertissement pour l’Espagne avec qui le royaume a des désaccords sur la même question de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Pourtant, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait exhorté, le 15 janvier, les Européens à « sortir de leur zone de confort et à suivre la dynamique des États-Unis ». « Une partie de l’Europe doit être audacieuse, car elle est proche de ce conflit », avait-il déclaré, faisant allusion à l’Espagne.
Selon Ignacio Cembrero, dans un article publié par El Confidencial, cette décision constitue « un avertissement » pour le gouvernement espagnol qui n’a pas encore officiellement reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara. L’Espagne devrait « adopter une position plus conciliante avec les intérêts du Maroc », estime le journaliste qui rappelle que les relations entre les deux pays se sont refroidies dernièrement. En témoigne le report sine die, à la demande du Maroc, du sommet bilatéral initialement prévu le 17 décembre dernier.
De son côté, l’Espagne essaie de maintenir sa position floue sur le Sahara. La ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha González Laya, tout en ne rejetant pas la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ne manque pas d’insister sur la nécessité de « rechercher le consensus de la communauté internationale » sur la question. De sources diplomatiques, le Maroc soupçonne l’Espagne de militer secrètement pour une remise en cause de la reconnaissance américaine sur le Sahara par l’équipe du Président Joe Biden.
L’Espagne craint par ailleurs une détérioration progressive des relations avec le Maroc, tant qu’elle n’apportera pas son soutien officiel à la marocanité du Sahara. Le Maroc pourrait même prétexter de cette situation pour suspendre ses relations avec l’Espagne, comme il vient de le faire avec l’Allemagne. En août 2014, le Maroc avait déjà suspendu sa coopération en matière de sécurité avec l’Espagne, après que la Garde civile a intercepté, par erreur, le yacht dans lequel Mohammed VI naviguait dans les eaux de Ceuta à destination de Tanger.