Après dix ans de présence, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) quitte définitivement le pays. Initialement, le retrait logistique et administratif de la Minusma était prévu pour le 31 décembre 2024. Cependant, il a été avancé au 15 novembre 2024, marquant ainsi la fin d’une décennie d’engagement onusien au Mali.
Ce processus de liquidation, amorcé après la cessation des activités opérationnelles en décembre 2023, symbolise une transition importante pour le pays.
Un départ planifié avec précision
Au fil de ces derniers mois, les autorités maliennes de transition ont méthodiquement récupéré les infrastructures de la Minusma, notamment le dernier camp situé à Bamako, près de l’aéroport. Cette restitution vient compléter une série de rétrocessions, dont celle du camp de Gao en juillet 2024. Parallèlement, la Minusma a concentré ses efforts sur la logistique. Elle s’est notamment employée au rapatriement de ses équipements vers les pays contributeurs et au transfert de certains matériels à d’autres missions onusiennes à travers le monde.
En outre, elle a mené à bien la clôture de contrats, la liquidation des comptes financiers et le départ progressif de son personnel. Si la mission comptait initialement plus de 15 000 civils et militaires, seuls quelques membres restent aujourd’hui pour finaliser ce retrait, prévu d’ici la fin de l’année.
Une décision qui suscite des débats
La décision de mettre fin à cette mission découle d’une demande explicite des autorités maliennes de transition. Celles-ci ont exprimé leur insatisfaction envers la Minusma et critiqué son incapacité à contenir la montée des groupes armés. En outre, les rapports de la Minusma sur les atteintes aux droits humains ont accentué les tensions. Ces observations concernaient notamment l’armée malienne et ses alliés, dont le groupe paramilitaire Wagner. Pour Bamako, ces critiques ont été interprétées comme une ingérence étrangère dans ses affaires internes et une tentative d’instrumentaliser les droits humains. Cette situation refléte un climat de méfiance croissante envers certaines instances internationales.
L’après-Minusma : des enjeux capitaux pour le Mali
Le départ de la Minusma laisse des défis significatifs. D’une part, la sécurité dans certaines régions du Mali demeure problématique. Les autorités maliennes devront prouver l’efficacité de leur stratégie de sécurité nationale. Celle-ci repose désormais sur l’appui de nouveaux partenaires, comme le groupe Wagner, pour assurer une stabilisation durable du pays. D’autre part, cette situation soulève des interrogations quant aux futures relations du Mali avec la communauté internationale. En effet, le pays s’éloigne progressivement des institutions onusiennes et de ses partenaires traditionnels. Dans ce contexte, il devra trouver un équilibre entre le maintien de sa souveraineté nationale et l’ouverture à une coopération internationale. Cette dernière reste essentielle pour relever les nombreux défis qui subsistent.