Le Français Lionel Antoni se faufile au milieu des populations burkinabés et togolaises pour photographier leur quotidien. L’Afrique l’enivre et il s’y sent bien. Interview d’un jeune photo-journaliste bourré de talent, dont l’oeuvre est visible sous toutes les coutures : livre, expos, disque numérique.
Lionel Antoni donne une vision du quotidien des Burkinabés et des Togolais à travers l’art photographique. Des Africains du quotidien, baskets aux pieds et Swatchs aux poignets. Il effectue en moyenne trois voyages par an sur le continent. » Je m’y sens bien, j’y suis attaché « , explique-t-il. L’originalité de son travail : traverser tous les supports d’expression photographique : livre papier pour » Burkina Faso, du Nord au Sud « , en noir et blanc, Compact Disque numérique pour les images en couleur, et exposition pour toucher le public classique de la photographie. Le jeune photo-journaliste de vingt-neuf ans vient ainsi d’exposer à Honfleur (France). Quant aux photographies de son périple au Togo, elles seront exposées à la mi-novembre. Innovation et sensibilité pour une authentique création multimédia…
Afrik : Quelle a été la nature de votre travail dans les deux pays ?
Lionel Antoni : Au Burkina Faso, je me suis plus attaché au quotidien des gens, la mère au foyer, le travail d’un garagiste… Au Togo, je me suis attardé sur les rites. C’est un petit pays riche au point de vue des danses et des cérémonies.
Afrik : Comment approchez-vous les habitants ?
Lionel Antoni : Un ami togolais travaille en amont, et explique ma démarche aux habitants. Lors de mon dernier voyage au Togo, j’ai réussi à leur donner confiance dans ma méthode de travail pour qu’ils y adhèrent. Je leur ai rapporté les documents et les analyses d’un ethnologue qui expliquaient les origines des rites au chef du village. Pour eux, les recherches et les photographies représentent des traces vivantes et écrites de leurs coutumes orales.
Afrik : Comment réagissent les habitants face à votre appareil photographique ?
Lionel Antoni : Je refuse de donner de l’argent quand je prends une photographie. Je participe aux cérémonies en achetant un mouton ou de l’alcool. J’utilise un polaroïd, et ainsi je peux offrir la photographie dans les minutes qui suivent la prise de vue. Les gens ont donc une chose concrète entre les mains. Je me sers du négatif pour les retravailler plus tard.
Afrik : A quel genre de cérémonies participez-vous ?
Lionel Antoni : La danse des couteaux qui a lieu tous les ans fin août, début septembre, est une cérémonie de coiffeurs. Ils prouvent qu’ils n’ont pas peur des outils qui tranchent et dont ils se servent quotidiennement. Par habitude, j’interviewe la population pour connaître les origines de ces rites ancestraux et j’ai remarqué que la plupart ne la connaissent pas. Je leur ai donc appris, par exemple, que les rites des coiffeurs viennent du Ghana.
Afrik : Quel est votre support préféré : le noir et blanc ou la couleur ?
Lionel Antoni : Quand je travaille avec des pellicules noir et blanc, j’ai une démarche plus personnelle, tandis qu’avec la couleur, l’approche est plus commerciale et plus classique.
Afrik : Quel est votre style ?
Lionel Antoni : Tout le monde me dit que je suis portraitiste mais mon truc, c’est de faire du reportage. Je m’attache aux gens et je capte des portraits purs avec un environnement et un contexte.