C’est dans l’émission « Honneur et Fidélité » diffusée sur la CRTV le 26 octobre 2024 que le directeur de la communication du Ministère de la Défense camerounais, le capitaine de frégate Cyrille Serge ATONFACK NGUEMO, s’est penché sur la responsabilité des forces de défense au Cameroun en une année où ces dernières ont été l’objet de plusieurs scandales. Ses propos méritent d’être étudiés…
« Force de défense camerounaises : légitimité, respectabilité et estime au top »,
« Maintenir à des standards élevés la légitimité, la respectabilité, le prestige et l’estime des forces de défense camerounaises auprès de nos populations. À lui seul , cet enjeu en rapport avec son image suffit à justifier la campagne ininterrompue de la lutte contre toutes sortes délictueux que viendraient à commettre les militaires de l’armée camerounaise.
La batterie de mesures mise en œuvre à cet effet intègre aussi bien la normalisation des actes et des comportements, que la répression d’éventuels écarts de conduite. Ainsi tout militaire, avant même de découvrir les premiers rudiments de la tactique, est imprégné des dispositions du règlement de discipline générale (RDG) lesquelles dispositions régissent sa vie et son action professionnelle, depuis la présentation vestimentaire, jusqu’au comportement en opération, en passant par les us et coutumes de l’urbanité.
A titre d’illustration, notre RDG de commune renommée prévoit et punit entre autres, les actes contre l’honneur, le devoir militaire et la probité. Dans ce registre, l’on trouve en bonne place le pillage et la tentative d’accaparement des effets ou objets appartenant à autrui. Sont également prévus et réprimés par la RDG, les actes contre les devoirs de tenue, de conduite, la morale et l’honneur.
Au-delà de la sanction disciplinaire et parfois en plus d’elle, le militaire fautif se trouve en opposition avec les provisions du second échelon de la protection contre les déviances. Il s’agit du code de justice militaire qui, comme son nom ne le dit pas, engage la responsabilité pénale du soldat, celui-ci restant tout aussi justiciable devant les tribunaux de droit commun, le statut de citoyen-soldat est à ce prix.
Ces mesures normatives du fonctionnement de l’institution militaire viennent s’ajouter à d’autres mesures préventives celles-là, dont la finalité est d’empêcher l’intrusion de moralités malsaines dans notre armée. Ici se recense l’absence de condamnation dans le casier judiciaire, les enquêtes sur la moralité des postulants au service sous le drapeau et l’authenticités des diplômes et certificats versés dans le dossier de candidature.
De tout temps, cette dernière conditionnalité a agi tel l’ultime couperet venant décapiter les espoirs d’impunité entretenus par les candidats auteurs de diverses fraudes. De là les renvois de plus en plus réguliers de recrues de tous les statuts, rattrapées par la patrouille anti-faux-diplômes. […]
Le contraire reviendrait à faire le lit des prochains actes de compromission, de collusion, de prévarication et de procrastination, imaginons seulement quels désastres pourraient commettre des bandes d’arnaqueurs, d’imposteurs et de criminels revêtus des plus prégnants attributs de la puissance de l’Etat. Évidemment, et pour notre sécurité à tous , il ne saurait être question de laisser s’infiltrer le péril faussaire dans les rangs car, en sa qualité de corps social destiné à rendre ce que le service public a de plus noble, l’armée camerounaise ne doit être formée que d’hommes et femmes exemplaires en matière de patriotisme, de loyauté et de fidélité d’altruisme et de dévouement, d’humanisme et au dessus de tout, de probité. Des dispositions morales rigoureusement incarnées, qui valent sa légitimité et toute son éclatante autorité à la devise « Honneur et Fidélité. »
Un rappel à l’ordre qui tombe à pic !!
L’éditorial du DICOM du Ministère de la Défense camerounaise sonne comme un rappel à l’ordre ou encore une mise en garde, tant ces derniers mois cette armée a été mêlée à des situations des plus inquiétantes pour la population camerounaise : l’on ne saurait oublier la vidéo de l’artiste Longué Longué qui défraie la chronique et qui a vu le ministre délégué auprès de la présidence chargé de la défense, Laurent BETI ASSOMO, demander l’ouverture d’une enquête, ou encore l’affaire du journaliste assassiné Martinez ZOGO, qui est toujours pendante auprès du tribunal militaire et où des responsables chargés de la sécurité camerounaise sont impliqués.
Le rappel des valeurs et de la responsabilité des forces de défense camerounaises tombe aussi à point nommé car avec l’exemple donné dans deux pays de l’Afrique Centrale voisins du Cameroun, dirigés par deux généraux, que sont le Tchad et le Gabon, ce rappel à l’ordre doit faire savoir que les hommes et femmes de l’armée camerounaise sont des citoyens-soldats et non des citoyens seulement. En un mot, ceux qui dans ce corps penseraient à opérer un copier-coller des situations du Burkina Faso, du Niger ou du Mali doivent se rappeler que l’armée camerounaise, comme toutes autres, est une « grande muette » et doit le rester, sans songer à prendre le pouvoir par un coup d’État. Y aurait-il péril en la demeure?