L’université Gaston Berger de Saint Louis est née de l’intelligence des Sénégalais et l’Histoire nous somme de manière urgente de la sauver. Oui l’heure est grave. Ce texte n’est qu’une prière car j’ai confiance au génie de mon peuple qui sait se retrouver dans des moments difficiles.
Entre attaques contre les forces de l’ordre, bastonnades d’étudiants, jets de grosses pierres et, endommagement des infrastructures etc. L’Université Gaston Berger de Saint Louis a été le théâtre d’une rare-violence qui n’honore guère l’Alma Mater. Ce tableau sombre est complété par l’arrestation de 25 étudiants qui sont toujours emprisonnés à la Maison d’Arrêt Correctionnelle de Saint-Louis. Ces évènements « malheureux » pour plusieurs acteurs font suite à l’exclusion perpétuelle de tous les établissements de l’UGB de trois étudiants de l’Unité de Formation et de Recherches des Sciences Appliquées et Technologie (UFR SAT) à l’origine du blocage des examens dans cette UFR. En effet, ces étudiants sont sanctionnés pour avoir les 18 juin et 05 juillet 2010, perturbé la tenue d’un contrôle continu et des examens.
Ce qui s’est passé, pour l’avis de certains, est incompréhensible, irrationnel voire, déraisonnable et grave. Une année normale à l’UFR SAT qui se termine par un groupe d’étudiants de DEA qui empêchent la tenue d’un contrôle continu et puis qui imposent par des méthodes violentes le boycott des examens (rétentions des cartes d’étudiants et violence), me confie le Recteur.
Comment en est-on arrivé là ?
« Des étudiants partis faire le concours de l’Ecole Polytechnique de Thiès sans autorisation et un zéro collectif donné à une classe! », protestent les étudiants alors que les autorités administratives justifient de leur côté que « Les autorisations ont été données après demande des étudiants » et les « lettres manuscrites sont disponibles ». A ce stade, il n’y avait « point de zéro collectif » nous fait-on remarquer. Mais les étudiants reviendront à la charge pour demander le report de tous les examens ce que l’autorité ne pouvait accepter au vu du petit nombre d’étudiants devant passer le concours et la proximité des examens. L’autorité avance d’ailleurs que garantie a été donnée aux absents pour faire leur devoir au retour de leur concours. Cependant, nous dit-on les délégués ont tenu une assemblée générale à la suite de laquelle ils ont décidé de bloquer la tenue des examens et contrôles continus.
La situation s’empire pourtant une équipe des anciens est venue de Dakar avec l’appui de quelques anciens étudiants devenus enseignants dans cet établissement pour rapprocher les différentes positions. Et le lundi 3 août dans l’après midi, l’irréparable se produisit. L’université se transforme en champ de bataille. La violence estudiantine fait face à une autre violence, celle des forces de l’ordre. Le sang a ainsi coulé.
Le Bureau de la section SAES-UGB de Saint-Louis réuni le 05 Août 2010 sortira un communiqué pour condamner avec la plus grande fermeté l’atteinte à l’intégrité physique du PER et PATS ainsi que le saccage des locaux du Rectorat et des UFR, perpétrés par des étudiants. De même le syndicat des enseignants « déplore les représailles aveugles des forces de l’ordre ; tout en exprimant sa solidarité aux camarades agressés ». Le Saes qui dit rejeter la violence a réitéré qu’il adhérait aux résolutions de l’Assemblée de l’Université du 04 Août 2010. Cette séance a décidé l’organisation d’une session unique d’examens de poursuivre pénalement et administrativement les étudiants fautifs.
Le lundi 3 juin, je m’interrogeais sur Facebook sur la page destinée aux étudiants et anciens : « Aux Anciens de l’Université Gaston Berger, au vu de la situation tendue dans l’Alma Mater ces derniers jours consécutive à l’exclusion de 3 étudiants grévistes, que pouvons-nous faire? WaSanar, avait-elle entrepris une médiation ? Merci de m’éclairer car il me semble qu’il y a Intérêt à Agir ». « La situation est grave mais toutes les bonnes volontés ont entrepris des médiations pour trouver des solutions, on est confiant quant à l’issue des négociations», écrit Cheikh Bamba Yade de l’Association WaSanar. Et une voix féminine de donner un autre écho, celle d’Awa Ndiaye : « Je crois qu’il est plus qu’urgent d’agir. La situation est dramatique. Des étudiants sont actuellement à la prison de St-Louis. Aux parents et aux anciens d’intervenir». Comment dès lors rester indifférent ?
Amer constat
La situation à l’UGB a pris une ampleur dramatique qui jure avec la sérénité avec laquelle le Pr Mary Teuw Niane, recteur de l’université et l’une des plus belles intelligences de l’Afrique contemporaine et ton son équipe ont pu gérer l’institution et ce, malgré d’énormes difficultés. Cette année encore les résultats très positifs de notre Université sur les plans académique (CAMES) et sportif (Championne du Sénégal de basket avec cerise sur le gâteau le roi comme sociétaire) sont d’une belle excellence. Tout cela alors que Gaston Berger venait de fêter cette année 2010 ses 20 ans d’existence faite d’excellence et de projection sur un futur qui veut sortir l’Afrique de l’ornière pour la projeter aujourd’hui plus que jamais vers les lumières des savoirs qui fondent, modulent et modèrent le monde. J’avais vu lors de ces jours de festivités à Saint Louis une Alma Mater debout, fière et unie accueillant avec dignité le Président de la République du Sénégal et d’anciens étudiants venus des quatre coins du Sénégal, de certains pays africains, d’Europe, d’Amérique pour témoigner leur reconnaissance à cette université du Sahel qui a formé des personnalités dont notre pays peut valablement être fier.
Intérêt à agir
C’est ce qui fait que la situation du jour est incompréhensible et me meurtrit, personnellement au plus haut point en tant que Sénégalais et ancien de cette université. En effet, après une série de discussions avec Abdoulaye Diallo du Codesria, Président de WaSANAR (l’association des anciens) qui m’a informé de la situation et des démarches entreprises par la structure fédératrice des Anciens de Gaston Berger, j’ai demandé à mes camarades de continuer leurs efforts de médiation. Pour ma part, j’ai appelé Youssou Ndour (actuellement en tournée internationale jusqu’au 20 août), Iba Der Thiam et chez Serigne Abdoul Aziz Sy Jr (qui était en voyage) pour ensemble avec les autres partenaires impliqués dans la crise essayer s’il était encore temps de trouver une issue heureuse à la situation. Le recteur Niane avec qui j’ai longuement échangé au téléphone et par email s’est montré comme à l’accoutumée très courtois et sensible. Je lui ai alors envoyé toute mon énergie fraternelle et amicale, en priant Dieu Le Tout Puissant de lui Donner toute la Sagesse et la Compréhension pour mener à bien son exaltante Mission.
NB : Tard dans la nuit du 10 août, le responsable du Saes, Adrien Dioh, joint au téléphone nous a informé que les étudiants des autres facultés ont normalement passé leurs examens. Le problème de l’Université est donc le fait d’un groupuscule d’étudiants de l’UFR-SAT qui ont essayé de manipuler l’opinion publique avec de fausses informations, a –t-il estimé. Cette UFR n’aura ainsi droit qu’à une seule session d’examens. Pour l’enseignant il faudra après cette crise convoquer les Etats généraux de l’enseignement supérieur pour que l’Université sénégalaise reprenne ses lettres de noblesse.
El Hadji Gorgui Wade NDOYE, journaliste sénégalais aux Nations Unies à Genève ancien étudiant de Gaston Berger (Sanar 3)