Nouveau Magic System ? Peut être bien. Anti-palu, Kora du meilleur groupe africain 2003, déploie ses ailes et récolte les fruits de dix années de travail. Petit Papou, l’un des quatre membres de la désormais célèbre formation ivoirienne zouglou, nous explique ce que le trophée leur a apporté. Il nous entretient également sur leur cinquième opus La main de Dieu qui va prochainement être réédité.
Meilleur groupe africain 2003. En décrochant le trophée de la plus prestigieuse catégorie aux Kora (les plus importantes récompenses musicales africaines), Anti-palu a acquis une nouvelle stature. Après dix ans de succès en Côte d’Ivoire, Petit Papou, L’Enfant Mathieu, Vieux Père Sako, l’enfant Mikou et leur zouglou connaissent une consécration continentale avec leur cinquième album La main de Dieu. Petit Papou revient sur ce Kora et ses implications. Il nous explique également pourquoi La main de Dieu va être réédité avec des remix house.
Afrik : Vous avez été élu meilleur groupe africain 2003 aux Kora. Vous attendiez-vous à cette victoire ?
Petit Papou : Nous étions nominés aux côtés de grands noms de la musique africaine, comme Koffi Olomidé. Mais quand vous allez en guerre, vous ne vous dites pas que vous y allez pour mourir. Vous y allez avec l’espoir.
Afrik : Qu’est ce que cette récompense a changé pour le groupe ?
Petit Papou : Les changements sont surtout dans nos têtes. Nous sommes désormais dans la cour des grands. Nous devons donc beaucoup travailler pour nous maintenir et rester au niveau. D’autre part, si un Kora ne rapporte pas directement de l’argent, il ouvre en revanche de nombreuses portes. Il vous octroie un autre statut. Ce qui génère de nouveaux contacts, de nouveaux concerts et de nouveaux contrats.
Afrik : Le regard des autres a-t-il changé depuis votre Kora ?
Petit Papou : Certains pensent que c’est du bluff, d’autres nous félicitent. On n’empêche personne de penser ce qu’il veut.
Afrik : La Main de Dieu est votre cinquième album. Pourquoi ce titre ?
Petit Papou : C’est une façon de dire merci à Dieu. Merci de nous avoir gardé ensemble pendant aussi longtemps. Merci de nous avoir apporté l’inspiration et le succès.
Afrik : Que pensez-vous de Magic System ?
Petit Papou : On ne peut que leur dire merci. Ils sont un modèle pour nous tous. Ils ont ouvert une grande porte pour tous les faiseurs de zouglou.
Afrik : La Main de Dieu va être réédité. Pourquoi ?
Petit Papou : Pour que tout le monde soit servi. Il va y avoir un single version house pour que les Européens puissent s’y retrouver.
Afrik : N’avez-vous pas peur de dénaturer l’âme de votre musique, de faire quelque chose qui ne soit plus du zouglou ?
Petit Papou :Nous ne dénaturons pas le zouglou. Il n’y a que le beat (tempo, ndlr) qui change. Mais la manière de chanter ne change pas.
Afrik : Avec une telle réédition, ne risquez-vous pas d’être boudés par le public ivoirien pour qui il n’y aura pas vraiment grand chose de nouveau ?
Petit Papou : On danse aussi la house en Afrique. Mais bon notre prochain album n’est pas loi. Il est prévu pour octobre ou novembre 2004 et s’appellera Dieu merci.
Afrik : Quels sont vos rêves d’artistes ?
Petit Papou : Gagner un deuxième Kora, décrocher un disque d’or ou un disque d’été en Europe.
Afrik : Les membres du groupe sont ensemble depuis dix ans. Vos débuts ont-ils été difficiles ?
Petit Papou : Au départ nous étions tous élèves. Donc c’était un peu difficile par rapport aux parents qui ne pensaient que seul l’école pouvait nous amener à réussir. Ça s’est arrangé avec le succès. Et c’est nous qui avons aujourd’hui la charge de nos familles, donc plus personne ne trouve quelque chose à redire.
Afrik : Quel conseil donneriez-vous à un jeune groupe qui se lance?
Petit Papou : Je dirais aux membres du groupe d’être solidaires. De ne jamais vouloir copier. D’être humbles. Et de beaucoup travailler.
Afrik : Un artiste comme Meiway dénonce la piraterie comme la plus grande plaie de la musique africaine. Qu’en pensez-vous ?
(Le manager du groupe, John Zino, intervient dans l’interview et tient à répondre)
John Zino : Nous avons une licence d’exploitation à Abidjan, mais les disques sont vendus n’importe où en Afrique sans que le distributeur n’en soit au courant. Mais le phénomène ne touche pas que le continent. Une semaine après avoir sorti notre cassette VHS à Paris, le marché était déjà pollué par des pirates en province et en Italie. Évidemment ça court-circuite les ventes, parce que les contrefaçons sont moins chères. Et c’est la même chose pour le DVD. Nous proposons des produits de qualité en DVD à 6 000 F CFA mais les pirates proposent des VCD (vidéo CD, ndlr) à 2 000 F CFA d’une qualité médiocre. Nous ne pouvons rien y faire parce que la lutte contre la piraterie est avant tout une affaire de volonté politique.
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