Les résultats provisoires des municipales à Madagascar viennent de tomber, et Antananarivo, la capitale stratégique, semble s’inscrire dans la continuité du pouvoir en place.
Pourtant, derrière les chiffres annoncés, des tensions et des interrogations subsistent. Décryptage.
Une victoire pour le camp présidentiel
Selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) le 20 décembre, Harilala Ramanantsoa, candidate du camp présidentiel, remporte la mairie d’Antananarivo avec 43,24 % des suffrages. Une victoire décisive qui conforte la coalition du président Andry Rajoelina après ses succès à la présidentielle de novembre 2023 et aux législatives de mai dernier.
Face à elle, Tojo Ravalomanana, candidat du parti d’opposition TIM, arrive en deuxième position avec 37,24 % des voix. Cet écart, bien que significatif, témoigne de l’importance stratégique d’Antananarivo, où les affrontements politiques sont particulièrement vifs.
Un climat de défiance
Malgré cette victoire, l’examen ne s’est pas déroulé sans heurts. De nombreuses voix de la société civile et de l’opposition dénoncent des irrégularités, notamment des bulletins pré-cochés et des cartes électorales douteuses. Des accusations que la Céni s’efforce de minimiser. Elle qualifie ces incidents de « manipulations sans impact majeur sur la sincérité du vote ».
Cependant, le climat de suspicion reste tenace, et les candidats malheureux disposent encore de quelques jours pour saisir les tribunaux administratifs afin de contester les résultats.
Une opposition divisée et affaiblie
L’opposition, fragmentée, n’a pas réussi à mobiliser son électorat dans un contexte pourtant marqué par des difficultés économiques qui pèsent sur le régime en place. Tojo Ravalomanana a notamment souffert de la présence de Tahina Razafinjoelina, un candidat surprise qui a capté près de 12 % des voix en se positionnant comme une alternative aux deux grands partis traditionnels.
Cette dispersion des votes facilite sans doute la tâche au camp présidentiel, qui consolide sa position dans la capitale et au-delà.
Un taux de participation en hausse
L’un des points marquants de ces élections reste le taux de participation. À l’échelle nationale, il atteint 48,79 %, contre 41 % lors des communales précédentes. Cette hausse notable reflète, selon la Céni, un engagement croissant des citoyens, malgré les tensions et les suspicions entourant le processus électoral.
À Antananarivo, cette mobilisation s’accumule illustre l’enjeu crucial de la capitale, véritable cœur du pouvoir politique et économique malgache.
Quels défis pour Harilala Ramanantsoa ?
Si la victoire de Harilala Ramanantsoa est confirmée, elle devra relever des défis majeurs à la tête d’Antananarivo. Élue à seulement une sixième des électeurs de la capitale, elle devra asseoir sa légitimité dans une ville où les attentes sont grandes. L’assainissement, la scolarité et la réhabilitation des infrastructures figurent parmi les priorités évoquées par ses partisans.
Cependant, le candidat devra également composer avec une opposition toujours influente et un climat de défiance généralisé.