L’étau se resserre autour d’Antananarivo, la capitale malgache. Les partisans de Didier Ratsiraka, le président sortant, coupent la ville de tout ravitaillement en matières premières et en hydrocarbures. Tana paralysée ne tiendra pas longtemps et la situation de l’économie malgache, déjà sévèrement touchée, inquiète les bailleurs de fonds.
» La Commission européenne insiste vivement pour qu’un retour à la normale sur le réseau de transport national ait lieu dans les délais les plus rapides « , martelait le chef de la délégation européenne, Pierre Protard, jeudi dernier à Madagascar. A ses côtés, les représentants des bailleurs de fonds des Etats-Unis, de la Suisse et du Japon ainsi que ceux de la Banque mondiale et des Nations Unies, appuyaient ses propos. La crise politique déborde son contexte. Le blocus organisé d’Antananarivo par les partisans du président sortant Didier Ratsiraka n’est plus tenable. Il précipite l’économie malgache dans un gouffre dans lequel n’entendent pas plonger les investisseurs.
Ratsiraka coupe les ponts
La stratégie du président sortant consiste à » étouffer » la capitale de son concurrent Marc Ravalomanana en multipliant les barrages routiers et en détruisant à la dynamite les ponts par où s’acheminent hydrocarbures et matières premières. L’isolement économique d’Antananarivo vient d’être achevé ce week-end avec le blocage des ponts ouest qui reliaient encore Morondava et Tana. Si rien n’est fait, dans moins d’une semaine les stocks de carburant de la capitale malgache devraient s’épuiser.
Sans avancer de chiffre précis, les professionnels du secteur transport annoncent un manque à gagner de plusieurs milliards de francs malgaches. Les opérateurs pétroliers estimaient, lors de la rencontre du secteur privé à l’hôtel Panorama le 25 mars dernier, que chacun en était pour 10 milliards de FMG par jour. Les entreprises franches, déjà mises à mal par deux mois de grève générale, demandent grâce. Quant aux professionnels du tourisme, largement fragilisés par la fermeture de l’aéroport international d’Ivato et par la crise politique, ils ne réalisent que 10% du chiffre d’affaires qu’ils faisaient à la même époque en 2001. Sans carburant, l’économie de l’Ile Rouge pourrait bien exploser…