Le groupe islamique Ansar Dine ne souhaite plus appliquer la charia dans tout le Mali mais seulement dans son fief de Kidal, dans le nord du pays.
Revirement de situation. Ansar Dine l’un des groupes islamiques contrôlant le nord-Mali a renoncé à appliquer la charia dans tout le territoire malien. Désormais, il souhaite mettre en place la loi islamique uniquement dans son fief de Kidal, dans le nord-est du pays.
« Nous renonçons à l’application de la charia (la loi islamique, ndlr) sur toute l’étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal où la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités », a déclaré à l’AFP, Hamada Ag Bibi, l’un des membres de la délégation du groupe islamique présente à Ouagadougou, au Burkina Faso. « Nous souhaitons seulement l’application de la charia dans les zones sous notre contrôle, c’est-à-dire dans la région de Kidal. Tout se fera avec pédagogie, et nous allons détailler notre argumentation lors des négociations avec l’autre partie (les autorités maliennes) », a ajouté Mohamed Ag Aharib, porte-parole de la délégation.
Les troupes de la Cedeao prêtes à intervenir
Cette décision inattendue empêchera-t-elle pour autant l’intervention militaire dans le nord-Mali ? Rien n’est moins sûr. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a prévu de déployer 3 300 hommes dans la région pour déloger les islamistes. Les chefs d’Etats de l’organisation ouest-africaine se sont réunis dimanche à Abuja, la capitale du Nigeria, pour valider le plan d’intervention militaire. Selon le président de la Commission de la Cedeao, Kadré Désiré Ouedraogo, « la force est tout-à-fait prête. Lorsque l’ONU donnera son feu vert, le déploiement pourra commencer immédiatement ».
Jusqu’à présent Ansar Dine s’est prêté au jeu diplomatique de la Cedeao en acceptant de rencontrer les chefs de la médiation burkinabè. L’objectif pour ces derniers était de convaincre le groupe de rompre ses liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), auteur de multiples assassinats et d’enlèvements d’Occidentaux, et avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Ansar Dine a assuré être prêt à trouver « une solution négociée à la crise » pour la paix. Ce revirement du groupe islamique est-t-il un signal envoyé en faveur de la paix ? Ou est-ce seulement une stratégie pour gagner du temps en attendant le déploiement des troupes dans le nord-Mali ? Pour l’heure, il est encore trop tôt pour déceler les raisons de ce changement de ton.