Anita et les requins


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Anita Conti, première femme océanographe française, s’embarque pour le Continent noir après la seconde guerre mondiale. Elle établira les cartes de pêche des côtes de l’Afrique de l’Ouest. Elle raconte le début de cette aventure magnifique dans « Géants des mers chaudes ».

« La mer nous a pris dans sa lumière. Les équipiers se meuvent en souplesse sur les esquifs d’une légèreté puissante, et ce matin l’encombrement est tel, et le niveau d’eau si près du bordage, qu’il faut équilibrer les gestes comme en un rêve. On craint de s’éveiller. » Anita Conti première femme océanographe française, écrit comme elle vit : respirations, halètements, souffles torrides ou sereins ponctuent « Géants des mers chaudes« .

Anita Conti part établir les cartes de pêche des côtes de l’Afrique de l’Ouest dès les années quarante. Dans les années soixante, elle se consacre presque exclusivement à l’Afrique noire. Elle offre au lecteur un livre-témoignage, un livre-flambeau qui brosse le récit des premiers temps de son aventure. Observatrice et actrice passionnée de la pêche du poisson dans l’Ouest africain, elle est aux premières loges, téméraire et obstinée. Dans « Géants des mers chaudes », nous suivons la « Madame » et son équipage à la recherche du « libre animal », le requin.

Ô Afrique noire

Après avoir dormi sa « première nuit d’Afrique noire » et passé l’émerveillement, vient le travail. Quittant les derniers bastions d’Europe – dont Dakar, « création du siècle (…) jaillie de l’océan » -, Anita embarque pour « le pays des eaux » et ses artères d’eau salée, ses avenues d’eaux vertes et profondes à travers l’immensité de la forêt. « Ô Afrique noire, j’aimais l’évocation de ta puissance énorme et sombre, embrasée d’un éternel soleil », écrit-elle alors. Une puissance destructrice, dont elle fait l’expérience dans la mangrove, son premier lieu d’étude.

La mangrove, « j’y suis entrée et je vais y vivre, entre l’océan et ses labyrinthes d’un éternel vert », se réjouit-elle. Etourdie de surprises, elle décrit les vols de pélicans, l’émotion du premier requin entre-aperçu, l’attente interminable, les pluies torrentielles qui glacent les os. Anita, seule femme dans ce monde de marins, est profondément respectée par ses hommes d’équipage. Pour résoudre les problèmes de capture et de conservation du poisson à l’échelle des possibilités locales, elle saura aussi se faire accepter par chacune des ethnies qu’elle rencontre et dont elle recueille la science orale.

Suite à ses nombreuses recherches dans la région, elle créera une pêcherie de requins dans les îles de Loos, au large de Conakry. De la Mauritanie au Dahomey, de la Casamance à la Gambie, pour ceux qui l’ont connue et côtoyée, Anita Conti est restée la « Dame blanche ». Celle qui a pris la mer dans ses filets.

A lire : Anita Conti,  » Géants des mers chaudes « , Petite Bibliothèque Payot.

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