En contractant un prêt de 455 millions de dollars auprès d’un groupe de banques étrangères, l’Angola explose le plafond d’emprunts annuels qu’il avait fixé avec le FMI. Une décision qui risque de compromettre son processus de réformes économiques.
L’Angola vient de contracter un prêt de 455 millions de dollars, garanti sur le pétrole, auprès d’un groupe de banques étrangères. Le pays s’était pourtant entendu avec le Fonds monétaire international (FMI) pour que le plafond de ses emprunts ne dépasse pas 269 millions de dollars en 2001. Les efforts menés jusque là pour remettre à flot une économie ravagée par des années de guerre pourraient s’en trouver fortement affectés.
La décision des autorités de Luanda de quérir un tel montant de capitaux intervient moins d’un an après le mémorandum sur les politiques économiques et financières conclu avec le FMI. Même s’il ne s’agit là que d’un instrument flexible et informel de dialogue entre l’instance monétaire internationale et l’Angola, cet instrument entendait encadrer le programme de réformes économiques, de transparence et de réduction de la pauvreté dans le pays.
De gros problèmes de remboursement
Déjà l’année dernière, l’Angola avait outrepassé ses arrangements avec le FMI en empruntant 500 millions de dollars à des banques françaises. Ces masses financières introduites dans l’économie ne sont pas pour poursuivre avec la meilleure sérénité les objectifs de réduction de l’inflation, une des clés du programme de réformes du pays. De 437% en mai 2000 à 268% en décembre de la même année, l’inflation semblait maîtrisée et le gouvernement augure toujours de descendre ce chiffre à 75% à la fin 2001. Les lendemains seront peut-être douloureux.
Avec une dette extérieure estimée à 11 milliards de dollars, la dette et le service de la dette, que le pays vient encore d’alourdir, rétrécissent la marge de manoeuvre des réformes politiques. Les fonds nécessaires pour rembourser les dettes sont autant de deniers qui ne pourront pas être affectés ailleurs.
L’Angola risque de payer le prix fort pour sa décision de crever ses plafonds d’emprunts, ce qui pourrait la plonger dans ce marasme, dont elle était censée sortir. Pas encore prêt pour les efforts structurels nécessaires, le pays se livre à un bricolage financier qui pare, certes, au plus pressé, mais dont il pourrait se mordre les doigts dans l’avenir.