L’Association des pays africains producteurs de diamants a été officiellement créée samedi à Luanda (Angola). Cette structure panafricaine, qui fonctionne en se basant sur le Processus de Kimberley, a pour but de renforcer le poids des Etats africains sur le marché diamantaire et de contrôler la production de la précieuse ressource minière.
Une organisation panafricaine pour régir le secteur du diamant. Samedi dernier à Luanda (Angola), au nom du Président angolais, le ministre adjoint du Premier ministre a officiellement lancé l’Association des pays africains producteurs de diamants (ADPA). Initiée par le chef de l’Etat José Eduardo Dos Santos, cette structure panafricaine s’est fixée pour mission de réguler le marché diamantaire en Afrique, afin que les populations bénéficient des retombées de l’exploitation.
« Empêcher que les diamants servent à financer la guerre »
L’ADPA, qui siège à Luanda, est présidée par l’Angola, soutenue par l’Afrique du Sud et la République de Guinée Conakry. Elle est avant tout une structure pluri-étatique. Cependant, elle accepte le soutient de compagnies productrices et distributrices de diamants. Le numéro un du diamant brut, la société sud-africaine De Beers, appuie d’ailleurs « de façon significative » l’initiative, d’après Joao Miranda.
Les 16 pays membres[[Angola, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée Conakry, Liberia, Mali, Namibie, République centrafricaine, République Démocratique du Congo, Congo-Brazzaville, Tanzanie, Zimbabwe, Mauritanie, Algérie, Botswana]], qui représentent 60% de la production mondiale, ont indiqué dans une déclaration commune qu’ils s’engageaient à « mettre en pratique l’esprit et la lettre des statuts de l’organisation ». Un esprit et des statuts qui collent au Processus de Kimberley, un programme soutenu par les Nations Unies qui a inauguré un système de certification des pierres précieuses.
Eviter l’exportation brut de diamant
« L’Association devra servir, en premier lieu, à empêcher que les diamants servent à financer la guerre et également à protéger les prix de production », a indiqué à l’agence Lusa le ministre angolais des Affaires Etrangères, Joao Miranda. Aussi, les Etats devront se concerter et coopérer pour prendre plus de poids sur le marché, dans la prise de décisions concernant le secteur et augmenter les revenus générés par les diamants, dont le prix varie en fonction de la qualité ou du poids. Car, bien souvent, ils sont exportés à l’état brut à une valeur bien moindre que lorsqu’ils seront traités. Un article de l’agence Pana Presse, daté du 6 novembre 2005, expliquait que « les estimations officielles (angolaises, ndlr) révèlent que pour chaque achat d’une valeur de 9 millions de dollars du diamant brut angolais par des étrangers, ceux-ci empochent un bénéfice de 45 millions de dollars avec la vente du produit taillé ».
Par ailleurs, « il y a des pays qui ne sont pas producteurs mais qui ont des bourses de commercialisation de diamants. Les marges de bénéfices se font dans ces pays qui, n’étant pas producteurs, réalisent les ventes », a ajouté Joao Miranda. C’est pourquoi le ministre adjoint du Premier ministre angolais, Aguinaldo Jaime, a déclaré qu’il faut mettre « fin au paradoxe qui consiste au fait que le continent africain représente plus de 60% de la production de diamants, mais n’a pas droit au bénéfice de ses populations. Il est très important que la production de diamants serve, fondamentalement, à nos populations, et cela passe par l’établissement de politiques durables, par l’attraction de l’investissement privé tant national qu’étranger ». Et la légalisation du secteur informel du diamant, auprès desquelles de nombreuses entreprises se fourniraient, au mépris des règlements.