Angola : la percée du virus de Marburg fait plus de 126 morts


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Virus de Marburg
Virus de Marburg (illustration)

L’épidémie du virus de Marburg, souvent assimilé à l’Ebola, a fait plus de quatre morts, lundi dernier, dans la région de Uige en Angola. Le virus avait déjà fait 122 morts au cours des six derniers mois. La peur d’une expansion de la maladie au-delà des frontières du pays, pousse les autorités angolaises, impuissantes face à ce fléau, à faire appel à l’aide de la communauté internationale.

Par Badara Diouf

La fièvre hémorragique du virus de Marburg a fait 122 victimes en Angola au courant des six derniers mois. Le virus souvent apparenté à l’Ebola a causé, lundi dernier, quatre nouvelles victimes dans la région de Uigi. Le bilan actuel atteint 126 morts.

La province la plus touchée par l’épidémie est celle de Uige, située au Nord du pays, à 300 km de Luanda. Le virus, qui a causé trois décès au total à Luanda et un autre dans la province de Cabinda (Nord-Ouest), n’a été identifié que le 22 mars après analyse d’échantillons envoyés au Centre de contrôle des maladies d’Atlanta (Etats-Unis).

« 75% des victimes déplorées sont principalement des enfants âgés de 0 à 5 ans », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La maladie touche également les adultes, qui trop souvent tardent à se rendre chez les médecins pour être traités à temps. Les gens malades restent ancrés dans les coutumes traditionnelles et préfèrent consulter les guérisseurs traditionnels, ce qui leur est souvent fatal et ne facilite pas un traitement immédiat.

Les symptômes du virus

« La maladie se transmet par contact avec les fluides corporels d’un malade (sang, urine, selles, vomi et salive) » selon l’OMS, dont les propos ont été recueillis par l’Agence Française Presse (AFP). Le virus de Marburg est souvent comparé au virus de l’Ebola, dont il possède les caractéristiques. Après une période d’incubation de 3 à 9 jours, les premiers symptômes sont des poussées de fièvre suivie de diarrhées hémorragiques qui finissent par tuer les victimes. Un constat qui inquiète à tel point que le corps médical se désengage de sa fonction de peur d’être contaminé pour absence de moyens sanitaires.  » Tous les médecins ne sont pas disponibles pour participer à la lutte contre le virus de Marburg. Beaucoup d’entre eux refusent d’y prendre part, en raison de mauvaises conditions de travail, notamment des salaires insuffisants et de l’absence de primes « , a déploré le directeur de la Santé à Luanda, Vita Mvemba, dans une déclaration faite à l’AFP.

L’état d’alerte a été donné par les autorités angolaises qui ne peuvent à elles seules juguler la propagation du virus de Marburg, faute de moyens.  » La plupart des médecins angolais préfèrent travailler dans le privé (…). C’est pourquoi nous avons besoin de la coopération de tous pour juguler le fléau de Marburg « , a ajouté M. Mvemba. Et il ajoute que « le pays ne compte que 1 200 médecins (pour une population de 13 184 000 h, ndlr) ».

Appel d’aide internationale d’urgence

Selon l’OMS, « la maladie a un potentiel épidémique et elle peut se propager d’une personne à l’autre, la plupart du temps dans le cadre des soins donnés aux patients. Pour cette raison, il faut prendre de strictes mesures de lutte anti-infectieuse pendant la prise en charge des cas. Pour endiguer les flambées infectieuses, il faut aussi rechercher et isoler rapidement les contacts ». Face à ce danger de contamination patent, des mesures d’urgences sont de rigueur et les appels à l’aide tous azimuts sont lancés. Le directeur de la Santé somme ainsi la population locale de coopérer en évitant les personnes soupçonnées d’être contaminées, mais aussi en refusant de se rendre aux funérailles de personnes mortes du virus.

Pour l’heure les ONG (organisations non gouvernementales) mettent en place toutes les mesures nécessaires pour aider à combattre et surtout à endiguer l’expansion de l’épidémie au-delà des frontières nationales. Le but est aussi d’éviter que les deux principaux pays frontaliers qui sont la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo-Brazzaville ne soient à leur tour touchés par la maladie. Maladie dont l’épicentre est la province de Uige, justement frontalière avec la RDC, où le virus avait fait 123 morts entre fin 1998 et fin 2000. Pour l’heure, aucun cas n’a été signalé en RDC, mais la surveillance épidémiologique a été renforcée dans la région frontalière.

Sonnette d’alarme aux frontières

Pour le gouvernement du Congo-Brazzaville, la crainte de l’épidémie est réelle. Le pays a en effet déjà été affecté par le virus de Marburg en 1998, qui a fait 123 victimes, et par l’Ebola, qui avait touché le pays en mars 2003. Des périodes qui demeurent dans les esprits. Le Mail & Guardian rapporte que le docteur Damase Bozongo, directeur général de la Santé au Congo (Brazzaville), crie son incompréhension face au gouvernement angolais, qui n’a pas encore mis en quarantaine la frontière de la province de Uige.

Toujours du côté des pays voisins, la situation crée un vent de panique dans les ministères de la Santé des pays, qui n’hésitent à mettre en garde leur population en les prévenant des risques encourus s’ils venaient à se rendre en Angola. On conseille ainsi aux voyageurs d’ajourner leur séjour éventuel. En Afrique du Sud, les autorités recommandent à ses ressortissants de quitter l’Angola, avec leur famille, jusqu’à la fin des risques de contamination. Pour l’heure, dans le cadre d’un renforcement de la structure épidémiologique dans la région frontalière, une trentaine d’experts en épidémiologie de divers pays et des organisations, dont l’OMS et l’ONG française Médecins sans frontières, ont été dépêché en Angola.

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