Alors que le président François Bozizé savoure la victoire de son parti aux élections législatives du 27 mars, une polémique enfle autour des conditions du décès mardi, au Cameroun, d’Ange Félix Patassé, qu’il a renversé en 2003.
Le verdict est sans surprise. Le parti du président François Bozizé, le KNK (Kwa na Kwa, le travail rien que le travail), a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée au deuxième tour des élections législatives, selon les résultats provisoires annoncés jeudi par la Commission électorale indépendante (CEI). Alors que le chef d’Etat centrafricain savoure sa victoire, une polémique grandit autour des conditions du décès, à l’âge de 74 ans, mardi au Cameroun, de son rival Ange-Félix Patassé.
Au lendemain de sa mort, l’entourage de l’ancien président, dont la santé s’était détériorée, avait accusé les autorités d’avoir refusé à deux reprises de le laisser quitter le territoire pour des examens médicaux que les infrastructures sanitaires centrafricaines ne permettent pas de réaliser. Une information que le gouvernement a démentie, avançant des problèmes administratifs.
Son porte-parole, Guy-Simplice Kodégué, avait affirmé qu’il suivait « un régime spécial à cause du diabète depuis un certains temps, et avait contracté une fièvre typhoïde. Il y a eu quelques modifications dans ce régime et cela fait que tantôt il fait une hyperglycémie, tantôt une hypoglycémie. » Il avait notamment précisé lundi que l’ancien président devait subir « un examen global pour déterminer l’ampleur de la maladie ». Finalement, son départ avait été « rendu possible après une rencontre vendredi au palais présidentiel entre le ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles, Michel Gbézéra Bria, et une délégation d’Ange Félix Patassé », avait expliqué Guy-Simplice Kodégué. Il a été hospitalisé à Douala au Cameroun où il a rendu l’âme.
Vives réactions
Les proches de l’ancien président n’ont pas été les seuls à déplorer les conditions de sa mort. Beaucoup de Centrafricains ont affiché leur indignation malgré les souffrances qu’ils ont vécues sous son régime. « Le pouvoir a intérêt à corriger l’erreur politique grave qu’il a commise en refusant à deux reprises que le président Patassé sorte pour un contrôle médical. Il doit lui réserver des obsèques nationales dignes de ce nom. On ne peut pas comprendre qu’un pays assassine ses propres enfants en interdisant qu’ils sortent pour des raisons sanitaires », a confié à l’AFP, Paul Kakpé, 64 ans, ancien fonctionnaire des finances. Pour Jules Koguéngba, 38 ans, qui a « pourtant souffert de sa présidence » en 2001, « c’est la consternation, et c’est aussi une très grande tristesse que je ressens à l’annonce de la mort du président Ange-Félix Patassé ».
Elu en 1993 puis réélu en 1999, Ange-Félix Patassé a été durant dix ans à la tête de la Centrafrique avant d’être renversé militairement en 2003 par l’actuel président François Bozizé. Il s’était exilé au Cameroun durant six ans avant de rentrer en Centrafrique en fin 2009 pour se porter candidat à l’élection présidentielle de janvier 2010. Il était arrivé en deuxième position lors du premier tour avec 21,41 % des voix, derrière François Bozizé, réélu avec 64,37 % des suffrages.
Bien que mort, Ange Félix Patassé n’a pas fini de faire parler de lui…