Le président de la transition malgache Andry Rajoelina ne se présentera pas à l’élection présidentielle prévue pour mai. Il espère ainsi résoudre la crise qui plombe son pays depuis mars 2009.
Une volte-face inattendue. Andry Rajoelina renonce à la présidentielle prévue pour mai 2009. « Je préfère me sacrifier plutôt que de sacrifier 22 millions de Malgaches », a déclaré le président de la transition malgache mardi lors d’une allocution télévisée. Celui qui a renversé son prédécesseur, Marc Ravalomanana, en mars 2009 espère ainsi résoudre la crise politique qui mine le pays. Andry Rajoelina s’est présenté comme la solution aux difficultés de la grande île. « L’homme que je suis est une solution pour la Nation et non un blocage ». Le dirigeant malgache s’est aussi dit « prêt à organiser des élections dans la sérénité. Je dirigerai la transition jusqu’à la fin et je suis prêt à faire une passation de pouvoir démocratiquement, je souhaite beaucoup de choses à celui qui va me remplacer ».
Le mois dernier, c’est son rival Marc Ravalomanana, qui a pris tout le monde de court en annonçant qu’il renonçait à la présidentielle. Il avait d’ailleurs invité le président de la transition à faire de même pour l’apaisement du pays. La question de la candidature des deux rivaux, qui risquait de plomber la présidentielle, est désormais résolue. Mais qu’en est-il du retour de Ravalomanana. Ce dernier, exilé en Afrique du Sud, souhaite depuis très longtemps rentrer dans son pays. Une requête qu’Andry Rajoelina a toujours réfutée malgré ses multitudes tentatives de retour. Le président de la transition estime qu’il vaut mieux qu’il patiente jusqu’à l’élection du prochain chef d’Etat, craignant de nouveaux troubles.
« La situation à Madagascar explosera si le social n’est pas pris en compte !»
A Madagascar, le renoncement d’Andry Rajoelina à la présidentielle a été accueilli avec joie. Selon Patrick Rajelo, responsable d’une association qui vient en aide aux jeunes, contacté par Afrik.com, « c’est une grande étape franchie, qui va bouleverser la vie politique malgache. Maintenant on pourra enfin débattre sérieusement sur la Constitution. Car auparavant, le débat politique n’était tourné que sur les litiges qui opposaient Rajoelina et Ravalomanana ».
Pour autant, la grande île se dirige-t-elle vers une sortie de crise ? Rien n’est moins sûr. Les inquiétudes pour son avenir demeurent. « Cette décision est très bien mais le problème est qu’on ne sait pas qui sera élu au pouvoir », affirme Norotiana Jeannoda, présidente du syndicat des Professionnels Diplômés en Travail Social. « Il y a beaucoup de souffrances à Madagascar. La pauvreté gagne chaque jour du terrain. Et tant que l’Etat malgache ne prendra pas en compte le social, rien ne changera. La situation explosera tôt ou tard ! », fustige-t-elle. Pour le sociologue Rabaray Paul, la principale difficulté de la grande île, « c’est la structure de l’Etat. Tout est centré à Antatananarivo, la capitale malgache. Le pouvoir est concentrée aux mains d’une seule personne. La solution serait de mettre en place des provinces autonomes comme l’a fait la Chine ».
Depuis l’éclatement de la crise politique, les conditions de vie se sont détériorées à Madagascar. L’économie s’est effondrée. Plusieurs programmes d’aide des bailleurs de fonds, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et la banque mondiale, ont été supprimés. Ces sanctions à l’égard de la Grande île ont entrainé une paupérisation de la population et la montée du chômage. En mars 2010, l’ONU a estimé que près de 70% des Malgaches vivaient en dessous du seuil de pauvreté.