Le président de la Haute Autorité de transition (HAT), Andry Rajoelina, a annoncé dimanche dans un discours télévisé qu’il était prêt à appliquer les accords de Maputo d’août 2009 en nommant un nouveau Premier ministre de consensus. En échange, il attend que la communauté internationale lève toutes les sanctions contre Madagascar et apporte une aide financière au pays pour organiser les élections.
« Nous appliquerons les accords de Maputo s’il y a un engagement de la communauté internationale de nous aider à organiser toutes les élections, de suspendre les sanctions touchant Madagascar, et de reprendre ses financements », a déclaré dimanche Andry Rajoelina à la télévision malgache.
Le président de la Haute autorité de transition (HAT) a également assuré qu’ « il souhaitait que le peuple malgache ait un président pour le 50e anniversaire de l’Indépendance », le 26 juin 2010. Les accords de Maputo, conclus le 9 août dernier, prévoient pourtant un délai de quinze mois pour arriver à la présidentielle. Lors de cette rencontre inter-malgache, les quatre parties signataires n’avaient pas pu trouver un terrain d’entente sur la répartition des postes au sein du gouvernement de transition. Les discussions ont achoppé notamment sur le poste du Premier ministre qu’Andry Rajoelina malgache voulait conserver.
Changement de cap ?
Ce revirement intervient au lendemain d’une réunion à Ambohitsorohitra entre Andry Rajoelina, le chef du gouvernement Monja Roindefo, et des hauts dignitaires de l’armée. Selon l’ Express de Madagascar, les officiers de la Grande Muette auraient exhorté les deux personnalités politiques à trouver d’urgence une solution à la crise politique actuelle. « Nous avons fait part aux dirigeants de la situation du pays par rapport à la sécurité », a confié le colonel André Ndriarijaona au quotidien malgache. « Nous leur avons demandé de prendre des décisions pour éviter les troubles », a-t-il ajouté. Cette intervention de l’armée s’ajoute aux pressions que subit depuis quelques semaines Andry Rajoelina.
Suite à un vote de l’Assemblée générale sollicité par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), il avait été empêché, le 25 septembre dernier, de parler à la tribune des Nations Unies.
Et hasard ou coïncidence, son changement de position intervient alors même qu’une réunion du Groupe international de contact est prévue mardi à Antananarivo. Alain Joyandet, le secrétaire français d’Etat à la coopération et le président de la Commission de l’Union africaine Jean Ping devraient y assister. « L’objectif est de coordonner et d’harmoniser les positions de la communauté internationale, pour qui le seul cadre possible est le consensus de Maputo », a expliqué Ablassé Ouedraogo, médiateur de l’UA à l’AFP.
Le revirement d’Andry Rajoelina pourrait mettre un terme à la crise politique malgache et précipiter la dissolution du gouvernement qu’il dirigeait. Un coup dur pour le président de la HAT. Acculé par la communauté internationale, « TGV », comme on le surnomme à Antananarivo, n’a pas d’autre choix que de partager le pouvoir.