L’ancien ministre de l’Intérieur et candidat malheureux à la présidentielle anticipée du 30 août 2009, André Mba Obame, a déclaré la semaine dernière au journal français L’Express que le Gabon pourrait connaître un coup d’Etat « à la nigérienne’’, en raison du mécontentement général des populations qui ont du mal à digérer la pilule amère de l’élection présidentielle frauduleuse d’août 2009. Le gouvernement gabonais n’a pas tardé à réagir.
Notre correspondant au Gabon
Le gouvernement a qualifié les propos tenus par André Mdba Obame dans l’Express de « graves’’ et a illico appelé les ministères en charge de la sécurité à la vigilance, afin de mettre hors d’état de nuire tout individu, seul ou en groupe, instigateur, organisateur, auteur ou complice de toute atteinte à la sécurité des Gabonaises et des Gabonais, à celle de leurs biens, ainsi qu’à l’encontre des expatriés en séjour au Gabon.
Dans ce sens, le président de l’Union nationale (UN), Zacharie Myboto, a été reçu lundi par le ministre de l’intérieur, Jean François Ndongou pour s’expliquer au sujet des déclarations de son secrétaire exécutif, André Mba Obame au journal français L’’Express. M. Myboto a dédramatisé en déclarant que l’ancien ministre de l’intérieur n’a ni les moyens ni l’intention de faire un coup d’Etat au Gabon. Il envisage même faire une déclaration publique sur cette histoire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le pays.
Le gouvernement diagnostique « l’hystérie »
Par ailleurs, le gouvernement s’étonne du fait que durant des mois, l’ancien ministre de l’intérieur a passé son temps à vilipender ‘’le peuple frère français et ses dirigeants, tenter de porter atteinte à l’intégrité des Français résidant au Gabon’’, puis soudainement que ce dernier soit demandeur d’un soutien français pour trouver un nouvel emploi lucratif au Gabon. Le gouvernement gabonais estime qu’André Mba Obame serait en perte de repères et victime d’une « hystérie ».
Les autorités de Libreville affirment aussi leur volonté à ne pas se laisser distraire par les propos de leur ancien collaborateur devenu opposant depuis le décès d’Omar Bongo Ondimba en juin 2009 : ’’ La très forte obsession de l’ancien ministre Mba Obame, à vouloir revenir aux affaires même au prix de son propre reniement, ne peut être de nature à distraire le gouvernement résolument engagé (…) à conduire chaque Gabonaise et chaque Gabonais, ainsi que l’ensemble du pays à l’Emergence’’.
« Le peuple gabonais, qui a placé sa confiance en la vision d’Emergence pour la prospérité de tous, ne saurait ni se détourner, ni accepter le retour aux affaires d’un conglomérat composé d’hommes et de femmes qui, durant toutes les 20 dernières années, ont brillé notamment par la tribalisation de leurs secteurs d’activité, tout en prenant en otage l’intérêt général pour enraciner le clientélisme et privilégier leurs intérêts personnels au détriment du peuple paupérisé’’, a souligné le gouvernement.
Ce n’est pas la première fois que l’ancien ministre de l’Intérieur est soupçonné de vouloir faire un passage de force pour prendre le pouvoir au Gabon. Au lendemain de la proclamation des résultats de la présidentielle anticipée du 30 août 2009, André Mba Obame avait été accusé d’avoir fomenté, avec l’appui de la Guinée Equatoriale, un coup d’Etat visant à renverser les responsables du nouveau pouvoir au Gabon. Cette histoire avait brouillé pendant quelques mois les relations diplomatiques entre le Gabon et la Guinée Equatoriale. Mais après des tractations en coulisses, le climat s’est apaisé entre les deux pays.
Lire aussi: