Francis Sala Ngouah Beaud, journaliste et membre de l’équipe de campagne d’André Mba Obame, candidat malheureux à la présidentielle du 30 août 2009, donnait une interview samedi sur les antennes de la première chaîne de télévision gabonaise (RTG 1). Il y a affirmé que les violences qui ont secoué Port-Gentil après la proclamation des résultats de cette présidentielle étaient « inévitables », et que M. Mba Obame avait voulu déstabiliser le pays avec le soutien de mercenaires équato-guinéens. Malabo a « formellement démenti » dimanche « toute ingérence » et « toute tentative de déstabilisation » du Gabon.
Notre correspondant au Gabon
“Voyant la tournure que prenaient les événements, je suis vite revenu sur mes convictions personnelles et j’ai quitté l’équipe de campagne du candidat André Mba Obame”, a affirmé Francis Sala Ngouah Beaud, samedi, sur les antennes de RTG1. Le journaliste a ajouté que l’ex-ministre gabonais de l’Intérieur propageait tout au long de sa campagne des propos haineux, favorisant le replis identitaire et la partition du Gabon.
“J’étais au courant de tout et au cœur de toutes les décisions”, a poursuivi le journaliste qui a déclaré que le candidat André Mba Obame a fait entrer des mercenaires équato-guinéens au Gabon, afin de préparer des violences post-électorales et une éventuelle prise de pouvoir par la force. Il soutient que certaines personnalités proches de ce candidat seraient parties jusqu’en Guinée Equatoriale pour s’assurer du soutien des autorités de Malabo. Yaoundé aurait été également contacté, mais en vain, le président Paul Biya étant absent de son pays.
Les autorités équato-guinéennes démentent
Dès dimanche, les autorités équato-guinéennes ont récusé l’accusation portée par le journaliste. « La Guinée équatoriale dément formellement toute ingérence dans les affaires du Gabon ou toute tentative de déstabilisation d’un pays souverain », a affirmé à l’AFP par téléphone le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement équato-guinéen, Jeronimo Osa Osa Ekoro.
André Mba Obame, affirme Francis Sala Ngouah Beaud, voulait utiliser des arguments ethniques pour gagner le soutien du Cameroun et de la Guinée Equatoriale, deux pays de la sous-région d’Afrique centrale, dirigés par des Fang, une ethnie dont il est lui-même originaire. « Ce sont ces mêmes arguments qu’il a utilisés pour fanatiser les foules dans le Woleu-Ntem, sa province d’origine », a souligné M. Ngouah Beaud, expliquant que les violences qui ont suivies la proclamation des résultats de la présidentielle étaient « inévitables ».
Francis Sala Ngouah Beaud était, jusqu’au 29 août dernier, le directeur adjoint de TV+, une télévision fondée vers les années 2000 par André Mba Obame. Disant avoir été menacé de mort après sa démission, il vivrait aujourd’hui caché avec sa famille.