En Afrique du Sud, l’ANC (Congrès national africain) vient de prendre une décision audacieuse et historique : former un gouvernement d’union nationale.
Cette annonce survient après des élections générales tumultueuses qui n’ont pas permis à l’ANC d’obtenir une majorité absolue, plongeant le paysage politique sud-africain dans une grande incertitude.
Une réponse à un paysage politique éclaté
Lors de la réunion du comité exécutif de l’ANC à Johannesburg, le président Cyril Ramaphosa a exprimé la volonté du parti de coopérer avec divers partis politiques pour créer un gouvernement d’union nationale. « Nous avons déjà eu des discussions constructives avec plusieurs partis, notamment les Combattants pour la liberté économique, le Parti Inkatha de la liberté, l’Alliance démocratique, le Parti de la liberté nationale et l’Alliance patriotique« , a déclaré Ramaphosa. Cette approche vise à refléter la volonté des électeurs et à aborder les nombreux défis auxquels le pays est confronté.
Les défis d’une coopération multipartite
La formation d’un tel gouvernement n’est pas sans défis. Les divergences idéologiques et politiques entre les différents partis pourraient rendre la collaboration complexe. Par exemple, l’EFF de Julius Malema, un parti de gauche radicale, et l’Alliance démocratique, qui favorise les intérêts des entreprises, sont aux antipodes en termes de vision politique. « L’ANC reconnaît qu’il existe des divergences idéologiques et politiques avec plusieurs partis sur notre scène politique. Cependant, nous n’excluons pas la possibilité de collaborer avec n’importe quel parti, tant que cela sert l’intérêt public« , a souligné Ramaphosa.
La position tranchée de Julius Malema est d’ailleurs confirmée dans un tweet qu’il a publié en réponse à cette ambition de l’ANC. Sa réaction est extrême et sans demi mesure : “Nous ne pouvons pas partager le pouvoir avec l’ennemi”, peut-on lire sur son compte X.
We can’t share power with the enemy. ✊
— Julius Sello Malema (@Julius_S_Malema) June 6, 2024
Un modèle inspiré par Mandela
Ce gouvernement d’union nationale n’est pas une première en Afrique du Sud. Il s’inspire du gouvernement d’union formé par Nelson Mandela après la fin de l’apartheid en 1994, qui incluait alors des partis rivaux comme l’Inkatha Freedom Party et le Parti national. Cette expérience avait permis de jeter les bases d’une transition pacifique vers une démocratie multiraciale. Cependant, il reste à voir si ce modèle pourra de nouveau fonctionner dans le contexte politique actuel, beaucoup plus fragmenté.
Les prochaines étapes
Le temps presse pour l’ANC et les autres partis. Le parlement nouvellement élu doit se réunir dans les deux semaines suivant la proclamation des résultats électoraux, l’une de ses premières tâches étant l’élection du président. Cette contrainte constitutionnelle met une pression supplémentaire sur les négociations en cours. Ramaphosa et son équipe devront rapidement convaincre les autres partis du bien-fondé de cette unité pour éviter une impasse politique.