Ana Isabel Meira Rita Dra : une élue à Sao Tomé


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Ana Isabel Meira Rita Dra est l’une des rares femmes élues locales à Sao Tomé et Principe. Depuis peu, elle représente l’Afrique centrale dans le nouveau bureau du Réseau des femmes élues locales d’Afrique dont l’ambition est de promouvoir une participation plus accrue des femmes en matière de gouvernance locale. Ana Isabel Meira Rita Dra revient sur son expérience à Sao Tomé et Principe.

Ana Isabel Meira Rita Dra dirige depuis 2010 l’un des cercles municipaux du district d’Agua Grande, le plus petit mais le plus peuplé des six districts de la petite île de Sao Tome, liée à la région autonome de Principe. Médecin, Ana Isabel Meira Rita Dra, 55 ans, a fait ses débuts en politique en 1996 au sein de l’ancien parti unique, le MLSTP-PSD (Movimento de libertação de São Tomé e Príncipe/Partido social-democrata). En 1998, elle devient députée d’Agua Grande à l’Assemblée nationale, mais en 2002 et en 2006, c’est en vain qu’elle tente de renouveler son mandat. En cause, l’absence de soutien de son parti qui, à l’instar de nombreuses formations politiques, ne donne pas l’opportunité aux femmes d’être bien placées sur les listes électorales. Ce revers conduit Ana Isabel Meira Dra à se diriger vers la gouvernance locale. La reconversion sera couronnée de succès. Depuis le 10 mars dernier, l’élue de Sao Tomé et principe représente la région Afrique centrale, avec Odette Mouyayou Udember (vice-présidente pour la région, Gabon) et Célestine Courtes, épouse Ketcha (Cameroun), dans le bureau du Réseau des femmes élues locales d’Afrique.

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Afrik.com : Il n’y a aucune femme qui dirige une mairie dans votre pays actuellement. Comment l’expliquez-vous ?

Ana Isabel Meira Rita Dra :
D’abord, il y a de la discrimination dans les partis politiques. Un texte a été adopté à l’Assemblée nationale. Il oblige les partis politiques à mettre 30% de femmes sur leurs listes. Mais les hommes n’aiment pas mettre les femmes à des positions qui leur permettraient d’être élues. Je pense que nous devons changer le droit électoral. Pour ce qui est des municipales, il permet encore d’être en position d’être élue. Mais en ce qui concerne la députation, il n’est pas en mesure de réduire les inégalités, car ce sont des listes que l’on présente aux élections législatives. Et puis, ce sont les femmes elles-mêmes qui n’ont pas envie de se lancer en politique. Quand on leur fait appel, elles disent souvent qu’elles ne sont pas prêtes.

Afrik.com : Au cours de votre carrière politique, vous n’avez pas été découragée par les obstacles que vous venez d’énumérer ?

Ana Isabel Meira Rita Dra :
Non, parce que je suis aussi capable, sinon plus que la plupart des hommes d’assumer les charges auxquelles j’aspire. Vous travaillez d’arrache-pied, finalement pour les hommes, et au moment des élections, vous vous retrouvez en bas de la liste.

Afrik.com : Vous pensez que c’est plus ardu de diriger une autorité locale dans un petit pays, comme le vôtre, que dans un grand pays ?

Ana Isabel Meira Rita Dra :
La difficulté est la même partout. Il suffit encore une fois de s’en donner les moyens. Il faut impérativement nous préparer à assumer les responsabilités que nous souhaitons prendre. Je note que les femmes sont leurs propres ennemies car la discrimination commence entre nous. Un changement de mentalité doit s’opérer à ce niveau.

Afrik.com : Vous pensez que le réseau que vous avez mis en place va améliorer votre représentativité en matière de gouvernance locale ?

Ana Isabel Meira Rita Dra :
Je le crois dans la mesure où un réseau reste un lieu d’interaction, de partenariat, d’échanges et de partage d’expériences entre femmes de différents pays. Ce réseau nous donnera par conséquent l’occasion de faire évoluer notre situation.

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