Amnesty plaide pour les droits sociaux en Afrique


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Le dernier rapport d’Amnesty International, publié jeudi, dénonce en Afrique les atteintes aux droits économiques et sociaux dans un contexte économique aggravé par la crise financière. En outre, l’organisation de défense des droits humains fait état de la vive répression dont sont victimes certains Africains à cause de leurs choix religieux et sexuels.

La question économique et sociale constitue aujourd’hui une menace perceptible pour les droits humains en Afrique. Le rapport 2009 d’Amnesty International, publié ce jeudi, insiste sur « la situation de ceux qui vivent dans la précarité », selon Erwin van der Borght, le directeur Afrique de l’organisation de défense des droits humains. Les émeutes de la faim qui ont éclaté au Burkina Faso, au Cameroun, au Sénégal, en Egypte ou encore au Sénégal ont été réprimées de « manière disproportionnée et en toute impunité » par les autorités. Au Cameroun, une centaine de manifestants ont été tués fin février lors des manifestations contre la vie chère et pour la hausse des salaires. Amnesty International craint qu’avec la crise économique les Etats ne se montrent tout aussi répressifs que par le passé, « quand les populations exprimeront leur mécontentement ».

Les droits sociaux, nouveau cheval de bataille d’Amnesty

Le rapport 2009 d’Amnesty est un plaidoyer pour l’accès aux services sociaux en Afrique sub-saharienne : droit à des logements salubres, à l’éducation ou encore à la santé. « La corruption est notamment un obstacle à la garantie de ces droits », note Erwin van der Borght. Dans un contexte de crise, son organisation exhorte les pays riches à apporter une aide plus accrue aux pays en voie de développement. Aux responsables politiques de ces derniers, elle leur demande de faire de la garantie des droits sociaux l’une de leurs priorités. « Les politiques ont une rhétorique qui ne se traduit pas dans les actes quand il s’agit des droits humains. Comme dans le domaine civil et politique, analyse le responsable d’Amnesty, leur première réaction est de limiter toute opposition. Les populations n’ont pas le droit de participer à la prise de décisions qui affectent leur vie ».

Le rapport 2009 réaffirme la volonté d’Amnesty International d’investir le champ économique et social dans lequel elle s’implique de plus en plus « ces dernières années », selon son directeur Afrique. « On ne peut parler de respect de droits politiques et civils sans évoquer celui des droits sociaux et économiques ». Dans les prochaines semaines, Amnesty lancera officiellement sa nouvelle campagne « Exigeons la dignité » à Nairobi, la capitale du Kenya, où se trouve le plus grand bidonville d’Afrique, Kibera. L’accès au logement est l’un des éléments clé de cette campagne. Plusieurs personnes sur le continent vivent soit dans des logements insalubres, soit sont mises à la rue de façon expéditive et sans espoir d’être relogées. Un décret présidentiel publié en 2008 au Tchad a conduit à la démolition de plusieurs milliers de maisons qui auraient été construites sur des parcelles, dont l’Etat serait propriétaire, à N’Djamena, la capitale tchadienne.

La répression envahit la sphère privée

Les conflits, eux, notamment en République démocratique du Congo, au Soudan (Darfour) continuent de faire de nombreuses victimes civiles. Les femmes sont violées et les milices recrutent des enfants. «Dans les Kivu, rappelle Erwin van der Borght, toutes les parties au conflits sont coupables d’atteintes aux droits humains.» Outre les coups d’Etat en Mauritanie, en Guinée ou encore à Madagascar qui ont limité la liberté d’expression, le rapport 2009 pointe les violences faites aux immigrés clandestins en Afrique du Nord. Une région qui coopère étroitement avec les pays européens dans la lutte contre l’immigration clandestine. En janvier 2008, le gouvernement libyen a procédé à l’expulsion de nombreux Nigérians et Ghanéens, qualifiés de migrants clandestins. Il en a été de même en Egypte : « 1 200 demandeurs d’asile érythréens, peut-être plus, ont été renvoyés de manière expéditive dans leur pays », dénonce le dernier rapport d’Amnesty.

En Afrique du Nord, une autre menace pèse sur la liberté de culte. En Algérie, où l’islam est religion d’Etat mais où cette liberté est garantie, les musulmans convertis au christianisme sont régulièrement harcelés. Toujours dans le domaine de la sphère privée, l’homosexualité fait l’objet d’une répression croissante dans plusieurs pays africains. En février 2008, neuf hommes et une femme ont été interpellés et condamnés pour avoir participé à une fête condamnée par des médias sénégalais. Ces personnes ont fait l’objet de menaces de mort qui ont conduit certains à fuir le pays. Six hommes, « coupables » d’avoir assisté à un « mariage gay » en 2007, ont été placés en détention au Maroc pour « actes impudiques ou contre nature avec un individu de son sexe ».

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