Amnesty International tire la sonnette d’alarme et attire l’attention de la communauté internationale sur les 200 personnes détenues arbitrairement et torturées en Côte d’Ivoire. Parmi celles-ci, d’anciens partisans de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. L’ONG en appelle au président Alassane Ouattara et lui demande de tenir ses promesses en matière de respect des droits de l’Homme.
Amnesty International interpelle Alassane Ouattara. « Nous avons pu rencontrer des dizaines de détenus qui nous ont raconté comment ils avaient été torturés à l’électricité ou avaient subi des brûlures au plastique fondu, deux d’entre eux ont été victimes de sévices sexuels », souligne Amnesty International dans un communiqué publié ce vendredi 26 octobre. « Certains ont été détenus pendant plusieurs mois sans pouvoir contacter leurs proches ni accéder à des avocats », précise Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty, rapporte LeFigaro.fr.
Et d’interpeller le nouveau Président ivoirien « Plus de dix-huit mois après l’arrestation de Laurent Gbagbo en avril 2011, il est grand temps pour le président Alassane Dramane Ouattara d’aller au-delà des promesses et de placer le respect des droits humains au sommet des priorités de son gouvernement ».
La chasse aux sorcières
José Manuel Barroso a évoqué, ce jeudi 25 octobre, l’action politique engagée par le Président ivoirien depuis son arrivée au pouvoir. Il le soutient pleinement. Alassane Ouattara, en coopération avec la police ivoirienne, fait la chasse aux responsables de crimes de guerre. Ce qui ne plaît pas aux pro-Gbagbo. Ces derniers contestent le rapport d’enquête sur les violences post-électorales, publié le mercredi 8 août, les tenant pour responsables de la mort de 1 452 personnes contre 727 pour les pro-Ouattara. Ils dénoncent « la justice des vainqueurs ». D’où l’embrasement de l’Ouest du pays depuis le mois d’août.
A son arrivée au pouvoir, le nouveau président avait promis que tous les responsables de crimes seraient traduits devant la justice. La justice ivoirienne, en coopération avec la police, s’est donc mise à poursuivre les anciens dignitaires et proches de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo. Ainsi, ces derniers ont-ils fait l’objet de plusieurs arrestations. Parmi eux, certains dorment aujourd’hui en prison. « Bien que reconnaissant que le gouvernement ivoirien fait face à une vague d’attaques, nous craignons fortement que les arrestations et la répression en cours ne découlent d’une volonté de représailles et de vengeance », s’offusque Gaëtan Mootoo.
La Côte d’Ivoire est toujours sous tension. Et, l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir n’a rien changé. Les violences à l’Ouest du pays font toujours rage. Pas plus tard que dans la nuit de dimanche 14 à lundi 15 octobre, les communes de Yopougon, Bonoua, Samo et Abobo ont été victimes d’une série d’attaques. Le ministre ivoirien de la Défense, Paul Koffi Koffi, avait alors décidé de renforcer le dispositif de sécurité à Bonoua et Abidjan. Selon les autorités ivoiriennes, des membres des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), des policiers et gendarmes seraient impliqués.
Les pro-Gbagbo n’ont vraisemblablement pas digéré la victoire d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle. Selon un rapport du panel des experts de l’ONU, transmis le 14 septembre au Conseil de sécurité, les partisans de l’ancien président ivoirien, épaulés par le groupe islamiste Ansar Dine, préparent un complot contre le président actuel de la Côte d’Ivoire. Les uns voudraient déstabiliser le pays et les autres, empêcher la Cedeao d’intervenir au Nord-Mali, occupé depuis plus de six mois par divers groupes armés et terroristes. Le rapport d’Amnesty international, publié ce vendredi, vient rappeler que la violence n’est pas dans un seul camp, et que la Côte d’Ivoire est en proie à un règlement de compte entre pro-Gbagbo d’un côté, et pro-Ouattara, de l’autre.