Le dernier rapport d’Amnesty International (près de 400 pages !) sur la situation des droits de l’homme dans le monde vient de sortir. Le Maghreb s’en tire plutôt… mal.
Algérie. Fichtre ! L’Algérie est sérieusement épinglée par Amnesty International dont la délégation s’est vue refuser l’accès au pays. Pour faire simple, la promulgation de nouvelles lois d’amnistie a renforcé l’impunité dont bénéficient les responsables d’atteintes flagrantes aux droits humains. Du coup, critiquer les dérives des forces de sécurité pendant la guerre civile est devenu une infraction pénale. Et toujours pas le début du commencement d’une enquête sur les nombreux cas de disparitions forcées dans les années 90. Par contre, Réconciliation nationale oblige, quelques 2 200 “repentis” ont été libérés. Enfin, les journalistes, syndicalistes et défenseurs des droits humains sont harcelés par les forces de l’ordre, quand ce n’est pas embastillés !
Tunisie. Le régime du “Zinochet” local, alias le président Ben Ali, continue de réprimer tous azimuts. Les abus sont particulièrement nombreux dans « la guerre contre le terrorisme » que livrent les forces de l’ordre aux méchants barbus qui veulent installer un califat au Maghreb : arrestations arbitraires, tortures, condamnations à de lourdes peines de prison… Zinochet et ses sbires n’y vont pas de main morte, surtout contre les barbus suspectés d’appartenir au GSPC. Quant à la liberté d’expression, elle reste ridicule. Seule lueur d’espoir : l’Union Européenne a protesté plusieurs fois face à tant de dérives.
Libye. Le réchauffement des relations diplomatiques avec le grand Satan américain et l’Union européenne semble avoir eu un petit effet bénéfique sur les droits de l’homme : même si la liberté d’expression et d’association reste dérisoire, plus de 150 prisonniers politiques ont recouvré la liberté. Pour autant les autorités libyennes ont la gâchette facile. Au moins 12 personnes ont été tuées en février 2006 par des tirs des forces de l’ordre lors d’une manifestation contre les fameuses caricatures de Mahomet. Idem avec le décès, probablement par balle, d’un prisonnier incarcéré à la prison d’Abou Salim lors d’une mutinerie. C’est tout de même mieux qu’en 1996, où 1 200 prisonniers avaient été tués dans ce même centre de détention lors d’une jacquerie…
Maroc. Bien que le royaume enchanté soit le mieux placé en matière de droits de l’homme, il lui reste du chemin à parcourir pour prétendre devenir une démocratie. Les Sahraouis qui militent pour un référendum d’autodétermination au Sahara occidental continuent d’être malmenés et condamnés à de la prison ferme pour leurs opinions politiques. Les islamistes sont arrêtés à tour de bras et condamnés à de lourdes peines sur les bases d’une loi anti-terroriste floue. Mais les plus mal lotis sont les migrants subsahariens qui, outre leurs expulsions illégales, subissent parfois des sévices sexuels.
Mauritanie. Pas grand-chose à signaler si ce n’est qu’Amnesty relève que les pratiques esclavagistes et le travail forcé n’ont pas disparu. Ah si, quand même, quelques dérives en matière de lutte anti-terroriste : « au moins 15 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire et accusées d’appartenance à une organisation terroriste ». Plusieurs sont susceptibles d’être des prisonniers d’opinion.
La Princesse enchantée pour Bakchich info
Caricature : Amnesty fouette notamment le Maroc © Khalid