Il est 03h21 lorsque nous arrivons au poste-frontière de Keur Ayid, territoire qui sépare le Sénégal de la Gambie. Nous sommes dans la nuit de dimanche à lundi 27 décembre 2021. Ces lignes sont rédigées à partir de la voiture qui nous a servi de moyen de transport pour rallier la ville de Thiès (70 km de Dakar), à la localité frontalière des deux pays.
En partance pour la Gambie,
Nous ne sommes pas dans une foire, encore moins dans un marché hebdomadaire. Pourtant, c’est comme si nous étions dans un marché de nuit, tellement le lieu grouille de monde et de mouvements. Si certains sont éveillés et vaquent à leurs occupations, d’autres ont pris le soin de prendre en location un des nombreux matelas disposés aux abords de la chaussée, pour dormir un peu, le temps d’attendre l’ouverture de la frontière, côté sénégalais, qui ne sera effective que vers 07 heures GMT. Comprenez dans moins de trois heures.
Les voitures forment une file indienne. Les petites voitures, type particulier comme transport, les camions, les bus et autre minibus, tous attendent le feu-vert que donneront les forces de sécurité sénégalaises, au petit matin. Pendant ce temps, les lieux sont bien rythmés. « Vous en voulez pour combien ? », nous lance un spécialiste de la grillade, qui ne manque pas de clients. Visiblement, il a l’œil partout, et notre regard face à ce décor lui a fait croire que nous voulions acheter quelques morceaux de viande bien grillée.
Seulement, le contexte ne s’y prête pas : hygiène surtout, en ces temps de forte circulation du variant Omicron. On décline poliment, préférant ne pas prendre de risque. « Ajoutez-moi un peu d’oignon et de piment, s’il vous plaît », lance une cliente qui tenait son paquet, un emballage ouvert. Dans le papier ciment, elle avait déjà commencé à piocher quelques morceaux du contenu qui est un mélange de viande et d’oignon légèrement grillé, bien badigeonnée à la moutarde, le tout relevé avec beaucoup d’épices, surtout le poivre.
« J’en veux pour 1500 FCFA », lance un autre client qui avait visiblement faim. Normal qu’il insiste pour que ce restaurateur de fortune en mette une bonne quantité. « Il faut en mettre assez, viande comme oignon », lance-t-il. Des propos qui ne sont pas tombés dans les oreilles d’un sourd. « Ne vous en faites pas, je vais bien m’occuper de vous. Vous serez très satisfait », lui rétorque celui qu’on venait d’appeler Babou. Un nom commun donné à quasiment tous les vendeurs de viande grillée. Habituellement, des Mauritaniens métisses, des Tchadiens et autres Somaliens. De véritables spécialistes de la grillade au Sénégal.
Aux abords de la table de Babou, chiens et cochons errants, tout y passe. Ces animaux sont en train de sillonner les coins à la recherche de morceaux de viande jetés au sol par des clients qui trouveront une partie trop dure à mâcher, ou simplement, une bonne chair qui s’est retrouvée par terre, du fait d’un mauvais geste du consommateur. En tout cas, ces animaux errants ne manquent pas de quoi se mettre sous la dent. A chaque mètre quasiment, ils se baissent pour ramasser un morceau à se mettre sous la dent. Un buffet gratuit, au beau milieu d’une belle ambiance.
Pendant ce temps, le chanteur sénégalais Wally Seck tenait en haleine, à cette heure-même, le public gambien, à travers un concert, qui bouclait, ce dimanche nuit, une série de trois entamée le 24 décembre. Au post-frontière, l’ambiance était au rendez-vous. De toute évidence, la technologie est passée par là. Car, avec un matériel audiovisuel, un technicien parvenait à faire vivre en direct, l’ambiance du QCity de Banjul où se produit le lead-vocal du groupe Raam Daan. Des images-amateurs retransmis depuis les lieux du concert et qui tenaient en haleine les quelques passants qui, tout comme l’équipe d’AFRIK.COM, attendent l’ouverture des frontières.
