Le secrétaire régional du Parti socialiste à Villiers-le-Bel, Ali Soumaré, a annoncé mercredi qu’il sera l’un des porte-paroles de Manuel Valls, candidat à la primaire socialiste. L’occasion pour le conseiller régional d’Ile-de-France de revenir sur ses ambitions politiques à Sarcelles, l’affaire DSK et son implication dans des projets de développement en faveur du continent africain.
Désigné à tort par un élu de l’UMP comme un « délinquant récidiviste » en février 2010, le secrétaire régional du Parti socialiste (PS) à Villiers-le-Bel, a décidé mercredi de soutenir le candidat à la primaire socialiste, le député-maire d’Evry, Manuel Valls, dont il est désormais l’un des porte-paroles. Ali Soumaré ambitionne de briguer l’ancien siège à l’Assemblée nationale de Dominique Strauss-Kahn, ancien maire de la commune de Sarcelles, qu’il a côtoyé. Le jeune homme de 30 ans, originaire du Mali, milite toujours pour l’amélioration des conditions de vie dans les quartiers difficiles. Il œuvre également pour le développement du continent africain à travers des projets de coopération.
Afrik.com : Pourquoi avoir apporté votre soutien à Manuel Valls pour la primaire socialiste ?
Ali Soumaré : Sa vision politique fondée sur la social-démocratie correspond à la mienne. Il prône des idées, qui selon moi, doivent être défendues au sein du Parti socialiste. Aujourd’hui, la scène politique française souffre d’un manque de crédibilité. Nous nous devons par conséquent de répondre aux attentes de nos concitoyens. Manuel Valls a fait, entre autres, de l’accès à la culture et à l’éducation une question prioritaire dans les territoires difficiles. Il propose notamment qu’un budget soit mis en place pour que chaque élève puisse accéder facilement à la culture. La question de l’emploi et de la formation des jeunes est aussi un point majeur de son programme politique. Il fait également des propositions pour encourager les entreprises à venir s’installer dans les territoires difficiles. Le manque d’infrastructures est l’une des raisons pour lesquelles ces dernières sont réticentes à y implanter leurs activités.
Afrik.com : Le sort des zones urbaines difficiles est une préoccupation que vous partagez apparemment avec Manuel Valls. Avez-vous constaté des améliorations dans les politiques qui leur sont destinées ?
Ali Soumaré : Le compte n’y est pas encore. Malgré quelques politiques positives, telles que le plan Borloo, la question de la sécurité n’est toujours pas résolue. Les gens nous interpellent toujours par rapport à ce problème. La question de l’insécurité a été l’une des raisons de la défaite aux élections présidentielles du Parti socialiste le 21 avril 2002. Il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs. Je n’ai pas peur d’aborder les questions sécuritaires. En la matière, le programme du président Nicolas Sarkozy n’a pas fonctionné. On a aujourd’hui besoin d’une police de proximité, respectueuse, qui soit suffisamment présente pour préserver la sécurité des biens et des personnes.
Afrik.com : Suites aux émeutes du 25 et 26 novembre 2007 dans la commune de Villiers-le-Bel, dont vous êtes originaire, vous avez rencontré à plusieurs reprises des représentants de l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Êtes-vous toujours en contact avec eux ?
Ali Soumaré : J’ai effectué un travail très intéressant avec eux. Ils cherchent à comprendre les problèmes que connaissent les zones urbaines en rencontrant des leaders issus des quartiers populaires et des militants associatifs. C’est une façon pour eux de donner une image positive des Etats-Unis et ils mènent des actions concrètes : l’ambassade américaine a ainsi soutenu la réalisation d’une gigantesque fresque de Martin Luther King dans un collège qui porte son nom à Villiers-le-Bel. Aujourd’hui, j’ai moins de contacts avec eux car je suis sur plusieurs fronts. Notamment en Afrique où j’interviens régulièrement pour mener à bien des projets de coopération régionale.
Afrik.com : Quelles actions menez-vous sur le continent ?
Ali Soumare : Nous intervenons dans plusieurs pays africains, comme le Sénégal, le Mali, la Mauritanie, et l’Afrique du Sud. Nous avons lancé avec la région de Dakar des projets de développement. De même, deux millions d’euros ont été débloqués par la région Ile-de-France pour la rénovation d’un lycée dakarois. Tout ceci pour dire que nous menons des actions concrètes pour l’Afrique, ce ne sont pas des gadgets. Je pars au Mali ce dimanche pour travailler sur le projet de construction d’une salle informatique dans un lycée de la région de Kayes. Elle devrait voir le jour dans un peu moins d’un an. Nous soutenons également le transfert de compétences vers l’Afrique en aidant certains étudiants à obtenir des bourses pour se former en France. Travailler avec l’Afrique est un vrai bonheur. C’est d’autant plus intéressant pour moi qui suis issu de l’immigration.
Afrik.com : Vous avez longtemps côtoyé Dominique Strauss-Kahn lorsqu’il était le maire à Sarcelles. Quel regard portez-vous sur ses démêlés judiciaires ?
Ali Soumaré : Il faut respecter la présomption d’innocence. Jusqu’à preuve du contraire, Dominique Strauss-Kahn n’a pas été reconnu coupable. Je pense que la présomption d’innocence est quelque chose de très important. Je l’ai toujours revendiquée et ma propre histoire m’a confortée dans cette démarche. J’aurais soutenu sa candidature s’il s’était présenté à l’élection présidentielle.
Afrik.com : Vous avez déclaré en mai dernier vouloir briguer l’ancien siège de Dominique Strauss-Kahn à l’Assemblée nationale en 2012. Vous sentez-vous les épaules assez larges pour défier François Pupponi, l’actuel Maire de sarcelles, qui a aussi la même ambition, et avec qui vous avez eu des relations difficiles [[Le maire de Sarcelles a notamment déclaré en juillet 2010 que la présence d’Ali Soumaré au Parti socialiste relevait d’une «erreur de casting».]] ?
Ali Soumaré : J’ai effectivement l’ambition de briguer ce poste à l’Assemblée nationale. Je me sens tout à fait capable d’atteindre cet objectif. Mes relations avec François Puponni n’ont pas toujours été faciles. Mais aujourd’hui, ça se passe bien sur le plan professionnel. Sur le plan personnel, je garde bien évidemment mes distances avec lui. Mais je ne suis pas là pour entretenir la polémique. Par ailleurs, contrairement à ce que certains médias ont affirmé, je ne suis pas au placard. Ce n’est pas parce que je ne suis pas tous les jours sur le plateau du journal de TF1 que je ne fais plus de politique. Bien au contraire, je suis tous les jours sur le terrain pour tenter de répondre aux attentes des Franciliens. Et c’est ce qui m’importe le plus.