Le réalisateur français Marc Huraux est parti à la rencontre du guitariste, chanteur et compositeur malien, Ali Farka Touré. Dans son village de la région de Tombouctou, le grand homme se dévoile. Familier des djinns et philosophe sans le savoir, il prêche la générosité et la solidarité. Dans sa vie comme dans ses chansons.
Il est souvent comparé à John Lee Hooker, Lightnin’ Hopkins ou Big Joe Williams. Le bluesman malien, Ali Farka Touré, porte des lunettes qui lui mangent une partie du visage, une petite moustache qui commence à blanchir et arrache à sa guitare des sanglots longs et d’une beauté sauvage. Guitariste autodidacte, grand joueur de njarka (petit violon monocorde), il a su adapter les airs traditionnels maliens à la guitare à six cordes. Le réalisateur Marc Huraux, féru de musique, a suivi le musicien, âgé aujourd’hui de 63 ans, dans son village de Niafunké, fin 1999. Il en ramène les images d’un documentaire : Ali Farka Touré, le miel n’est jamais bon dans une seule bouche.
La musique enchanteresse d’Ali fait partie de ce voyage au fin fond d’un Mali rural qui se débat avec la sécheresse. Le musicien dévoile sa sagesse – « celui qui fait du bien reçoit toujours du bien » -, sa philosophie de la générosité – « même une petite pomme, tu peux la partager en dix parts » -, révèle les relations qu’il entretient avec les djinn (les esprits du fleuve Niger) et martèle son souci principal : arriver à l’autosuffisance alimentaire car « quand on a faim, on ne pense à rien ». C’est pourquoi il passe depuis quelques années plus de temps sur ses terres de Niafunké à cultiver riz et légumes que sur scène.
Farka, la résistance
Ali Farka Touré chante le Mali, ses hommes et ses femmes, la cohésion sociale, la solidarité et le travail. Né dans une famille noble de l’ethnie Songhaï, Ali Farka Touré n’aurait pas dû devenir musicien. A 17 ans, il est d’ailleurs apprenti chauffeur. C’est à cet âge pourtant, qu’il se fabrique une diurkel, guitare à une corde et commence à jouer. C’est pour cela, autant que parce qu’il a survécu à ses neuf frères, morts très jeunes, qu’Ali porte bien son surnom : Farka, « la résistance ».
Le film permet d’aller à la rencontre d’un homme et d’un pays attachants, d’une richesse inépuisable. A l’origine, Marc Huraux souhaitait réaliser un documentaire sur Jimi Hendrix auquel aurait collaboré, entre autres musiciens, Ali Farka Toure. Pour des raisons de droits, le projet Hendrix a finalement été abandonné. Le réalisateur a décidé de se consacrer au seul guitariste, chanteur et compositeur malien. Très bonne idée.
Ali Farka Touré, le miel n’est jamais bon dans une seule bouche de Marc Huraux, sortie française le 10 juillet 2002.
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