Ali Bongo Ondimba n’a pas levé les doutes qui persistent sur son état de santé lors de son passage éclair au Gabon pour la prestation de serment des membres du nouveau gouvernement. Le Chef de l’Etat gabonais est reparti aussi sec au Maroc poursuivre sa convalescence.
Après ses voeux du nouvel an qu’il avait prononcés depuis Rabat, au Maroc, le Président du Gabon Ali Bongo Ondimba se devait de rassurer les gabonais sur son état de santé. Et on ne peut pas dire que ce fut le cas lors de son passage éclair à Libreville pour la cérémonie de prestation de serment des membres du nouveau gouvernement, mis en place après l’installation de l’Assemblée nationale issue des législatives d’octobre qui furent remportéees par le PDG (le Parti Démocratique Gabonais du Président Bongo).
Ce retour, après presque 3 mois de rééducation au Maroc suite à son AVC avait pour objectif de mettre un terme aux informations contradictoires qui circulaient sur l’état de santé réel d’Ali Bongo, dont l’absence de réaction après la récente tentative de coup d’État laissait perplexe bien des observateurs.
Gabon : Ali Bongo désormais en fauteuil roulant
Mais rien dans la prestation du président gabonais n’est en mesure de rassurer son peuple. Des interventions réduites à la portion congrue, un président sur un fauteuil roulant, comme l’avait annoncé Afrik.com, et quasiment aucune parole. Autant dire que les sceptiques ne seront pas convaincus par cette sortie.
Pour Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre entre 2012 à 2014, cité par l’AFP, « ceux qui ont organisé ce voyage ont juste voulu assurer, derrière un semblant de légalité, la continuité du pouvoir en place (…) Le déroulé de la cérémonie comme toute la séquence allant de son arrivée secrète, à l’éloignement des médias, l’absence d’audience en dehors du cercle déjà à la manœuvre, l’annulation du conseil des ministres annoncé et finalement son retour rapide et tout aussi discret pour le Maroc, accroissent significativement le doute sur sa capacité réelle à assumer pleinement les charges de sa fonction », a-t-il affirmé.
Lire : Gabon, Directeur de Cabinet d’Ali Bongo : Brice Laccruche, un « dangereux personnage »
Toujours selon M. Sima, il faut voir derrière ces manœuvres la volonté d’un petit nombre d’individus de garder la main sur le pouvoir, le premier visé étant le directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga. « Il n’appartient pas à un groupe d’individus, quelle que soit la confiance dont ses membres peuvent se prévaloir de la part du président de la République, de statuer en lieu et place du peuple et d’instaurer en quelque sorte une régence », a accusé M. Sima, ajoutant : « de tels agissements mettent inutilement en péril la paix intérieure du pays ».
Jean-Boniface Asselé, oncle d’Ali Bongo et président d’un petit parti de la majorité présidentielle, le Cercle des Libéraux Réformateurs (CLR) va plus loin et nomme les personnes en cause en désignant ceux qu’il considère comme responsables de cette « machination » : le directeur de cabinet Brice Laccruche Alihanga, l’épouse du président, Sylvia Bongo Ondimba, son fils Noureddine, ainsi que Maixent Accrombessi, l’ancien directeur de cabinet resté très influent.
Bruno Ben Moubamba, le président de l’Alliance pour le Changement et la Restauration (ACR), a annoncé ce samedi sur sa page Facebook la fin de son « alliance objective » avec le régime d’Ali Bongo. « Pour l’honneur, pour l’Histoire, sans rancune et sans haine, nous entreprenons ce samedi 19 janvier 2019 de rompre officiellement notre « alliance objective » avec le Président Ali Bongo Ondimba et son pouvoir ».