La toute première tournée sous-régionale effectuée par Michel Djotodia a été sanctionnée favorablement, entre autres, par l’engagement de son homologue gabonais Ali Bongo Ondimba à appuyer la Centrafrique dans la préservation de sa faune, actuellement menacée par le grand braconnage.
(De notre correspondant)
Alors que les autres amis de la Centrafrique, notamment les partenaires et bailleurs, conditionnaient leur appui au retour à la stabilité dans le pays, le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, lui, voit les choses autrement. C’est-à-dire que les amis de la Centrafrique doivent, à l’entendre, s’impliquer également dans les efforts de retour à la stabilité. Il s’est alors engagé à mettre fin au braconnage intense qui a accompagné les événements survenus dans le pays, car selon lui, « il y a un lien direct entre l’ivoire tâchée de sang et la stabilité en Afrique. Ainsi, ce drame (le braconnage accentué en Centrafrique [ndlr]) dépasse la simple question de l’environnement ». Et de poursuivre : « Nous devons tous ensemble travailler pour restaurer la bonne gouvernance en République centrafricaine, protégeant tout à la fois les populations et la biodiversité ».
Évidemment, des efforts sont consentis par les autorités centrafricaines en vue de restaurer la paix, la quiétude sociale, la stabilité sociale et politique. Cette volonté se traduit par la mise en place des actions de la police militaire -une force mixte constituée des hauts gradés de la Séléka et des éléments de la Fomac (Forces multinationales d’Afrique centrale)- qui travaille d’arrache-pied, en vue de désarmer les hommes en possession d’armes. Le président Michel Djotodia a compris que seul le désarmement de ces hommes pourrait lui permettre de développer sa politique. Entre temps, l’arrivée prochaine de 1500 hommes supplémentaires de la Fomac en plus de quelques 700 éléments déjà sur place à Bangui, est un autre signal fort pour le retour à la stabilité.
Seulement, la Séléka qui règne en maître en Centrafrique, en dictant ses propres principes, est une force coalisée dont la chaine de commandement n’est pas respectée et par conséquent, l’argutie usée par son leader, Michel Djotodia se résume qu’en ce qu’il s’agit « des éléments incontrôlés », « des éléments armés par Bozizé avant son départ », « des faux Séléka », etc. Une forme polie pour l’actuel président de la transition de prouver sa limite en ce qui concerne le contrôle de tous les ex-rebelles qu’il s’est longtemps targué être le maître. C’est bien évidemment l’absence de cette chaine de commandement qui justifie en fait la persistance de l’insécurité au niveau de Bangui et dans les villes de province.
Sécuriser la faune centrafricaine
C’est justement à ce niveau qu’il faudra jauger de la vision politique de Ali Bongo qui compte véritablement aider son homologue centrafricain dans la crise qui secoue en ce moment la Centrafrique en général et la faune centrafricaine en particulier. S’inscrivant dans une logique de parole-action, Ali Bongo a fait dépêcher depuis le 16 mai, une mission de l’ANPH (Agence nationale de parcs nationaux), une organisation gabonaise conduite par M. Mike Fay, conseiller spécial du président gabonais, à Bayanga, ville située à quelques 500 kilomètres à l’ouest de Bangui. Il est question de « travailler avec le gouvernement centrafricain sur une stratégie pour sécuriser la zone et rétablir les activités de conservation » comme l’a indiqué APA-Libreville qui a livré l’information.
Rappelons que la ville de Bayanga représente un enjeu doublement majeur pour la faune centrafricaine à ce jour. Puisque non seulement elle abrite la réserve la plus importante du pays en ce qui concerne toute espèce confondue, y compris les éléphants, mais également parce qu’après les pillages systématiques des parcs du nord, du sud-est et du centre-nord par les combattants de la Séléka au cours de leur percée sur Bangui, le parc national de Dzanga Ndoki (Bayanga) reste la prunelle des Centrafricains en matière de faune.
Alors que la partie sud-ouest qui est intégrée même au programme Tri-national de la Sangha (TNS) en 2010 a d’abord fait l’objet de pillage par les premiers éléments de la l’ex-rébellion qui ont foulé la région et ensuite par les grands braconniers venus du Soudan qui ont exagérément et sauvagement abattu des bêtes dont les éléphants, ces derniers temps.
Que le nouveau paradigme d’aide à la République centrafricaine inauguré par Ali Bongo puisse inspirer d’autres partenaires à accompagner le pays dans les efforts du retour à la stabilité.