Le nouveau président élu du Gabon, Ali Bongo Ondimba, 50 ans, a été investi ce vendredi dans ses fonctions de chef de l’Etat pour un mandat de 7 ans. Cette investiture a lieu 4 jours après la confirmation de son élection par la Cour constitutionnelle, suite à un sévère contentieux électoral. Le nouveau président de la République, dont l’élection est très contestée par l’opposition, a promis d’être « le président de tous les Gabonais » et de lutter contre la corruption et l’injustice sociale. Des promesses que les Gabonais espèrent voir se transformer en actes.
« Je veux un Gabon exempt de la corruption et de l’injustice, je veux un Gabon où les élites circulent et se renouvellent, je veux un Gabon où la justice est au service de tous, je veux un Gabon où les plus méritants sont récompensés et où la sanction juste est infligée à ceux qui commettent des fautes (…)’’, a déclaré le nouveau président lors de son discours d’investiture.
Il a appelé les Gabonais au changement de mentalité et à se mettre au travail pour construire dans l’harmonie un « pays émergent, riche et prospère » dans un monde en pleine mutation. » L’heure a désormais sonné de se remettre au travail et de relancer notre économie, afin d’apporter un mieux être perceptible à tous les Gabonais où qu’ils soient’’, a poursuivi le fils d’Omar Bongo, expliquant qu’il est nécessaire d’opérer des réformes courageuses et d’engager une révolution des mentalités. Il a ajouté qu’à côté d’une démocratie politique, il faut instaurer une véritable démocratie économique.
Se présentant comme un homme politique réaliste et fédérateur, Ali Bongo a dit vouloir travailler avec toutes les forces vives du pays, afin de donner des réponses concrètes aux préoccupations urgentes des Gabonais, notamment dans les domaines de l’emploi, de la formation, de la santé et du logement. Jouant sur la corde de la sensibilité et du patriotisme, il a parlé également du partage équitable des richesses de son pays, liant par ailleurs son destin à celui de son peuple : « Je ne serai heureux que si je sais que le peuple gabonais est heureux, je ne serai fière de ma politique que si je sais qu’elle apporte à chacun et à tous un mieux-être dans son quotidien, je ne serai en paix que si je sais que le pays vit en paix », a-t-il souligné, soulevant les acclamations de son auditoire.
Osera-t-il écarter la vieille garde des affaires
Le président de l’Assemblée nationale du Gabon, Guy Nzouba Ndama, qui a précédé Ali Bongo Ondimba à la tribune au cours de la cérémonie d’investiture, a appelé ce dernier au pragmatisme et à l’action, car estime-t-il, les Gabonais sont las des joutes politiques. Il a appuyé ses propos en citant le philosophe allemand Karl Marx : » Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c’est de le transformer ».
Beaucoup de Gabonais rencontrés après la cérémonie
d’investiture ont largement partagé le point de vue du président de l’Assemblée nationale, et ont déclaré attendre d’Ali Bongo des actes concrets qui changeront leurs conditions de vie précaires. La plupart souhaitent voir le nouveau président se libérer des « vieux renards » qui ont géré le pays « de façon catastrophique » depuis près de 50 ans, aux côtés du défunt Omar Bongo Ondimba.
La nomination du nouveau Premier ministre et la formation d’une équipe gouvernementale, attendues dans les tout prochains jours, permettront aux uns et autres de savoir si le fils pourra se libérer de la vieille garde de son père, en formant un gouvernement plus restreint et en misant sur une nouvelle élite politique.
L’opposition, qui conteste toujours les résultats de la présidentielle du 30 août et ne reconnaît pas la décision de la Cour constitutionnelle de valider l’élection d’Ali Bongo, n’a pas assisté à l’investiture.
Par notre correspondant au Gabon