Ali Bongo annonce la mort de la Françafrique au Gabon


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Affirmant vouloir prendre ses distances dans ses relations avec la France, le président gabonais semble rompre avec l’héritage de son père. A l’issue des festivités de mardi dernier qui accompagnaient la célébration du cinquantenaire de l’indépendance gabonaise, Ali Bongo a déclaré que les « relations exclusives entre le Gabon et la France [faisaient] partie du passé »

« La France a des partenaires, les Etats africains ont aussi des partenaires, ce ne sont pas des relations exclusives. Cela, ça n’existe plus », a déclaré Ali Bongo à l’issue des festivités du cinquantenaire de l’indépendance gabonaise célébré mardi. « Cela ne veut pas dire que nous allons rompre avec d’anciens partenaires, ce qui est important, c’est qu’on puisse développer notre pays », a précisé le président gabonais interrogé sur un possible refroidissement des relations avec la France.

Cette déclaration intervient quelques jours après la signature de près de 3,5 milliards d’euros de contrats avec des multinationales de l’Inde et de Singapour. Les investissements annoncés samedi concernent les infrastructures routières, avec 1000 km de routes, la création d’une zone économique spéciale dédiée à la transformation du bois à Nkok (près de Libreville), des cultures de palme à Mouila, dans la région de Ngounié (centre sud) et à Tchibanga dans la région de Nyanga (sud) ainsi que la construction de 5000 logements sociaux à Libreville.

Ali Bongo a succédé à son père, décédé l’an dernier, et a promis de moderniser et de diversifier l’économie du pays, dont les réserves pétrolières exploitées notamment par le groupe français Total commencent à stagner. Pour certains observateurs, avec cette rupture annoncée des traditionnelles relations franco-gabonaises, le fils serait en train de « tuer » symboliquement le père.

Vers la fin de la Françafrique au Gabon?

Pendant des décennies, sous la présidence d’Omar Bongo, le Gabon a maintenu des relations très étroites avec l’ancienne puissance coloniale. En effet, le règne sans partage de la famille Bongo est lié au soutien de la France qui avait placé M. Bongo-père au pouvoir en 1967. Jusqu’à sa mort, celui-ci a été l’un des symboles de la « Françafrique », [[L’expression désigne les réseaux d’influence français en Afrique, qui sont une composante des relations diplomatiques entre la France et ses anciennes colonies africaines]]

Même si Ali Bongo peut se targuer de posséder un vaste réseau (depuis 2009, le chef d’état est notamment grand maitre de la franc-maçonnerie au Gabon) lui permettant peut-être de court-circuiter les échanges avec la France, il est clair que dans les faits, les choses changeront difficilement. Même la récente signature de contrats ne prouve pas grand-chose. Omar Bongo lui-même, avait déjà attribué en mai 2008 la concession du gisement de fer de Belinga, à un consortium chinois, au nez et à la barbe de Vincent Bolloré, notoirement proche du président français.

Ainsi, seuls les faits parleront. Les liens entre la France et le Gabon sont plus qu’étroits. Comme l’illustrait Omar Bongo « Le Gabon sans la France, c’est une voiture sans chauffeur. La France sans le Gabon, c’est une voiture sans essence ».

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