Un militant algérien pour les droits des chômeurs, Tahar Belabès, a été condamné ce dimanche à un mois de prison ferme et 50 000 DA d’amende par le Tribunal de Ouargla. La colère grimpe chez les chômeurs.
Un Algérien qui milite pour les droits des chômeurs, Tahar Belabès, 32 ans, a été condamné dimanche 3 février par le Tribunal de Ouargla à un mois de prison ferme et à payer une amende de 50 000 DA (475 euros). Ce jugement fait suite à son arrestation le 2 janvier au cours d’une manifestation pour dénoncer l’abandon des chômeurs par le gouvernement. Il a été accusé d’ « attroupement non armé », de « destruction de biens d’autrui » et de « violence contre agents d’un corps de sécurité ». Le hic dans cette histoire, c’est que les six agents en question n’ont déposé aucune plainte. Quant aux certificats médicaux qu’ils ont fourni, ils ne proviennent pas d’un médecin légiste.
Ce que le Procureur de la République algérienne appelle « attroupement non armé » est la manifestation qu’a mené Tahar Belabès le 2 janvier 2013. Il est notamment accusé de ne pas avoir demandé une autorisation à manifester. « La Constitution prévoit le droit de manifester sous condition d’obtenir une autorisation au préalable, précise Me Benissad Nour-Eddine, président de la Ligue algérienne pour la défense des Droits de l’homme (LADDH). Mais lorsqu’il s’agit d’une manifestation relative à la défense des libertés individuelles, nous considérons qu’il n’est pas nécessaire de passer par la case autorisation ».
Tahar Belabès se fait connaître en 2010, lorsqu’il grimpe sur le toit de l’agence algérienne pour l’emploi et menace de se suicider. Depuis, le militant, au chômage depuis 4 ans, organise avec d’autres chômeurs des manifestations pour exprimer leur colère contre la corruption et le chômage. S’agit-il d’un acte d’amadouement ? D’après Me Benissad Nour-Eddine, « le problème provient d’une sphère institutionnelle qui abuse de son pouvoir quitte à violer la loi, accuse l’avocat. La justice considère qu’un mois de prison est un acte clément ».
Au chômage depuis 4 ans, le tristement célèbre militant a annoncé qu’il ferait appel du jugement rendu par le tribunal de Ouargla. Si la Cour d’Appel et la Cour suprême confirment le jugement rendu en première instance, alors Tahar Belabès devra, dans les trois, faire son mois de prison.
« On essaie d’appeler au dialogue entre les chômeurs et le gouvernement. Nos politiques doivent prendre en charge le problème du chômage et trouver des solutions », conclu le président de la Laddh.