Malgré ou peut-être à cause des nombreuses grèves cette année, le taux de réussite au baccalauréat bondit de près de 15% par rapport à l’année dernière. Les bacheliers ont bénéficié de sujets simples et n’ont eu à réviser que les deux tiers du programme.
Les grèves à répétitions sont le meilleur ami des bacheliers. Après cette année scolaire agitée, le taux de réussite au baccalauréat en Algérie s’élève à 61, 23%. Un taux qui dépasse de loin les 47% de l’an dernier. Pour ne pas pénaliser les élèves, l’examen n’a porté que sur les leçons des premier et deuxième trimestres. Une solution dont s’inquiète Meziane Merriane, coordinateur national du syndicat national autonome des professeurs d’enseignement secondaire et technique (CNAPEST) : « Ce balisage des révisions est tout sauf positif. Si le baccalauréat n’avait pas porté sur les premier et deuxième trimestres uniquement, les élèves auraient révisé tout le programme. Le pays gagnerait à avoir des bacheliers d’un niveau très acceptable, qui n’auraient pas de lacunes à l’entrée dans l’enseignement supérieur, du fait de leçons qu’ils n’ont ni suivi ni apprises. »
«Un taux politique»
Meziane Merriane et Hidir Chour, porte-parole du CLA (Conseil des lycées d’Algérie) s’accordent pour fustiger un baccalauréat « de niveau inférieur ». Ces deux syndicalistes tout comme les enseignants estiment que les sujets sur lesquels ont planché les étudiants cette année étaient « faciles ». Pourquoi une telle clémence ? Meziane Merriane se demande si ces résultats ont été recherchés, pour valoriser la récente réforme de l’éducation, ou si la commission n’a pas su évaluer les sujets. Pour Hidi Chour, c’est clair « on ne peut en aucun cas dire que ces résultats sont dus à la réforme, mais c’est ce que les dirigeants essayent de faire croire ». Un tel bond du taux de réussite ne saurait être obtenu par une réforme du système, soulignent-ils en choeur. Un autre chiffre met la puce à l’oreille : plus les wilayas ont subi de débrayages, meilleur est leur taux de réussite. La région de Tizi Ouzou arrive en tête du classement, puis vient Tipasa, suivie d’Alger, qui n’avait jamais connu un tel succès, qu’Hidir Chour n’hésite pas à mettre sur le compte des multiples grèves. Selon lui, ce n’est pas compliqué : « le taux de réussite est proportionnel au taux de perturbation ». Un pédagogue cité par El Watan va jusqu’à parler de « taux politique ».
En dépit de l’indulgence des correcteurs, les résultats obtenus en langues étrangères ont été « catastrophiques ». Dans la filière lettres, philosophie et langues étrangères, moins de 5% des bacheliers ont obtenu une note supérieure à 10 en français et en anglais. Ils ont par contre brillé en sciences islamiques, où 90% de bacheliers ont obtenu une note supérieure à la moyenne. Et une nouvelle fois cette année, les filles dépassent largement les garçons, avec 64,73% contre 35,27 % de taux de réussite au baccalauréat.