Le quartier populaire de Bab El-Oued, à Alger, s’est réveillé jeudi matin dans un climat de tension après une nuit d’émeute et de violents affrontements.
Après une nuit d’émeute et d’affrontements très violents avec les forces de l’ordre, une tension très vive a été constatée jeudi matin dans le quartier populaire de Bab El-Oued, devenu ces derniers temps un véritable bastion pour la protestation populaire.
Jeudi matin à la célèbre place des Trois Horloges de Bab El-Oued, les policiers se font rares et les attroupements de jeunes occupent le pavé. Après une nuit agitée, les jeunes de Bab El-Oued n’ont, ce matin, qu’un seul mot d’ordre sur leurs lèvres : « ce soir, nous reviendrons dans les rues pour déclencher une révolte contre le chômage et la mal vie » ! Dans les coeurs et les esprit de ces jeunes, la colère continue à bouillonner même si la veille les forces anti-émeutes leur ont promis une répression exemplaire.
« Plus rien ne va nous retenir cette fois-ci. La vie est devenue trop chère et la disette menace nos familles alors que les apparatchiks détournent des milliards et s’enrichissent sur notre dos. Nous ne voulons plus de cette vie de chien. Nous réclamons notre part aux richesses de ce pays », confient un groupe de jeunes qui habitent à Bab El-Oued dans des immeubles vétustes lesquels » risquent à tout de moment de s’effondrer » !
La misère, la cherté de la vie, le chômage et la précarité, tels sont les maux dont ces jeunes veulent se libérer pour écrire une nouvelle page de leur existence. Mais à cet appel de détresse, les pouvoirs publics ne semblent pas y prêter une oreille attentive. Des lors, les conséquences malheureuses ne se sont pas faites attendre.
« Les majorité des jeunes du quartier ont été récupérés par le filet social dans le cadre du pré-emploi. Qu’ils soient diplômés ou non, ils ne touchent même pas dix mille dinars par mois. Comment voulez-vous qu’ils s’en sortent avec une paie aussi minable ? On leur a enlevé le droit de penser à l’avenir. La précarité a fini par les jeter dans les bras la violence et le pire peut arriver à présent », relève pour sa part aâmi Omar, un des vieux de la place des Trois Horloges qui s’attend lui aussi à de nouvelles violences pour cette nuit.
Des violences que tout le monde craint dans le quartier. Et d’ailleurs, jeudi matin, de nombreux commerces sont restés fermés. Leurs gérants sont sur le qui-vive et guettent la moindre menace émanant de ces bandes de délinquants qui profitent des émeutes pour piller et tout casser sur leur passage.
De leur côté, les familles s’approvisionnent en produits de première nécessite pour garantir de quoi faire à manger au cas où les sorties deviennent très risquées ! A n’en point douter, après les émeutes de mercredi soir, plus rien ne sera comme avant à Bab El-Oued…
Abderrahmane Semmar, pour El Watan