Cela fait plus d’un mois que le chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, a été évacué en Allemagne pour des « examens médicaux ». Depuis, aucune nouvelle concrète du dirigeant. La presse, algérienne comme internationale, qui jouait jusque-là la carte de la prudence, commence à perdre patience et se pose des questions. Si ce ne sont des remarques pour le moins bien fondées. Un aperçu des différents points de vue.
« En Algérie l’opacité demeure après un mois d’absence d’Abdelmajid Tebboune. Le flou persiste sur l’état de santé du président algérien quatre semaines après son transfert en Allemagne pour se faire soigner du coronavirus. Cette incertitude n’est pas sans rappeler les hospitalisations à l’étranger d’Abdelaziz Bouteflika après son accident vasculaire cérébral en 2013 », relève le journal Africanews.
Prenant la balle au rebond, le journal algérien TSA insiste que « l’hospitalisation du président de la République commence à se faire longue. Cela fait un mois qu’Abdelmadjid Tebboune a été transféré en Allemagne pour des soins après avoir contracté le Covid-19 et aucune date n’est avancée pour son retour en Algérie. Il a manqué trois événements phares dans la vie de la nation, le référendum sur la révision constitutionnelle le 1er novembre, la célébration du 66e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale et l’inauguration d’une partie de la grande mosquée d’Alger le 28 octobre ».
Titrant « Algérie : le Président a disparu », le journal Le Point indique : « Ainsi de 45 millions d’Algériens sans nouvelles de leur président de la République depuis plus d’un mois. Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre 2019, n’est pas apparu en public depuis la fin octobre. Diagnostiqué positif au Covid-19, l’homme avait été « confiné » cinq jours. Le 28 octobre, on apprenait son hospitalisation en Allemagne. Depuis : silence et langue de bois. Un communiqué officiel affirmait que « le Président a achevé le protocole de soins prescrits ».
« Au flot de rumeurs et des spéculations, la Présidence répond invariablement par la même phrase : ‘’l’état de santé de M. Tebboune est en constante amélioration’’. En attendant, tout le pays est suspendu. De la constitution votée le 1er novembre aux conseils de ministre reportés, jusqu’aux nominations ou révocations dans les postes clés, la première économie du Maghreb est à l’arrêt », écrit pour sa part Financial Afrik.
Selon France 24, « cette communication pour le moins parcellaire et l’absence d’images du Président ne cessent d’alimenter rumeurs et spéculations en tout genre en Algérie, au moment où ce pays subit une recrudescence de la pandémie (du coronavirus, ndlr). L’incertitude sur l’état du Président Tebboune – censé promulguer la nouvelle Constitution après le référendum du 1er novembre et ratifier la loi de Finances 2021 – pousse certaines voix à réclamer l’application de l’Article 102 de la Loi fondamentale, relatif à la vacance du pouvoir, afin d’éviter une crise constitutionnelle ».
« L’Article 102 facilite bien les choses dans la mesure où le constat de vacance de pouvoir se fait en deux temps : l’état d’empêchement temporaire du Président, d’une durée maximale de 45 jours, puis sa démission de plein droit au-delà de cette durée », détaille le politologue Mohamed Hennad.