Poursuivi dans le cadre de la loi qui sanctionne « le discours de haine », le correspondant journal Liberté dans le sud de l’Algérie, Rabah Karèche, a été maintenu en détention provisoire par la justice algérienne. Certains avocats accusent le Président Abdelmadjid Tebboune d’avoir orienté la justice en qualifiant le journaliste de « pyromane ».
Le procès Rabah Karèche est en train de prendre une autre tournure. En effet, la chambre d’accusation de la cour de Tamanrasset, au sud d’Alger, a décidé, hier mardi, de corser la situation du journaliste. Placé en détention provisoire depuis le 19 avril dernier, Rabah Karèche reste en prison suite à une procédure d’appel introduite par le procureur.
Rabah Karèche est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », « publication volontaire de fausses informations susceptibles de porter atteindre à l’ordre public » et « diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public et usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et l’unité nationales ». Des poursuites sur la base de dispositions du code pénal et de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de haine.
Le journaliste Rabah Karèche, qui s’intéresse aux problèmes socio-économiques dans les régions du grand Sud algérien, notamment les dossiers liés aux trafics d’or et de contrebande, avait été convoqué par la police, en 2020, afin de s’expliquer sur une série d’articles consacrés à des affaires de droit commun impliquant des membres des forces de l’ordre. Mais l’article objet de la poursuite à son encontre est lié à une autre affaire.
Le samedi 17 avril dernier, Rabah Karèche a couvert un rassemblement de citoyens de la région de Tamanrasset venus dénoncer le tracé du nouveau découpage administratif. Publié dès le lendemain, l’article intitulé « L’Ahaggar, la bataille des territoires » provoque la colère des autorités. Convoqué par la police, Rabah est placé en détention préventive. Il lui est reproché d’avoir diffusé cet article sur les réseaux sociaux.
Pour ses avocats, qui n’ont pas manqué de rappeler le caractère exceptionnel du recours à la détention provisoire dans le droit algérien, il s’agit d’une volonté de contourner le délit de presse et glisser vers des accusations de discours de haine. Me Zoubida Assoul, un des avocats du journaliste est d’avis que l’affaire de son client est une violation de l’article 50 de la Constitution algérienne qui dispose que « le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté ».